« ...Rape, murder, it's just a shot away... »

« Let it bleed » sort le 5 décembre 1969. Le 6 décembre, le concert d'Altamont aura lieu. Quelques mois auparavant, Brian Jones se faisait expluser des Stones et Mick Taylor vient le remplacer. Autant dire que Jones et Taylor n'apparaissent que très peu sur cet album, obligeant Keith Richards à mettre les bouchées doubles pour l'enregistrement. Album faisant donc office de tournant dans la vie du groupe. Sans oublier le festival d'Altamont censé s'inspirer de l'esprit Woodstock. Aurait-il encore fallu ne pas confier la sécurité aux sulfureux Hell's Angels. Une idée « lumineuse » de Jagger. La suite, on la connaît. Pour les interressés, je vous renvois à l'excellent documentaire nommé « Gimme shelter » retraçant cette sinitre histoire. Fin des 60's hippies sur une fausse note et bientôt le début des 70's punk.

« Let it bleed » comporte la trilogie magique « Gimme shelter », « Midnight rambler », « You can't always get what you want ». « Gimme shelter », titre apocalyptique en intro. Claque violente en pleine face et qui me transperce encore à chaque fois que j'entends le passage de la chanteuse Merry Clayton. C'est la fin du monde dira Jagger concernant cette merveille. Ensuite, ma préférée de « Let it bleed », « Midnight rambler », faisant allusion à l'étrangleur de Boston, est l'incarnation du blues si cher aux Stones. Ca démarre lentement, accélération, ralentissement, ré accélération finale. Il y a tout le résumé du blues là dedans. Et enfin, « You can't always get what you want », sur laquelle Jagger comprend après son manque de satisfaction de 1965 que l'on ne peut pas toujours obtenir ce que l'on veut et qu'il faut savoir se contenter de ce que l'on a. Bref, entre « Satisfaction » et « Let it bleed », Jagger a mûri.

Dommage que cette trilogie fasse autant d'ombre au reste de l'album. « Love in vain », déjà rien que par son statut de reprise, manque d'intérêt. Je n'aime pas le concept d'une reprise. Peu importe le groupe ou la chanson, je n'aime pas l'idée. Dans une reprise, même si un artiste peut y mettre sa touche personnelle, j'estime que cela manque d'intérêt en terme de créativité. En plus le titre est loin d'être bon. Comme pour certaines plages de « Beggars banquet », cela sonne encore un peu faux. Un « Country honk » sympa mais nettement moins péchu que « Honky tonk women ». « You got the silver » qui me pousse à dire une nouvelle fois que seul Jagger doit être derrière le micro. Et ce même si Richards ne démérite pas.

Voila pour « Let it bleed », album d'un groupe qui commence sérieusement à trouver la bonne formule malgré pas mal de remous. Ca se précise de plus en plus...

La perle : « Midnight rambler »
La déception : « Love in vain »
bboy1989
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le 9 janv. 2012

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bboy1989

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