Yesterday's dreams are dead and gone

Neuf ans après Days Go By, un nouvel album de The Offspring parait enfin, et je suis mitigé vis-à-vis de ce que j'ai entendu.

Qu'on soit bien d'accord, je n'attends pas d'un groupe de Punk qui a une bonne trentaine d'années de carrière au compteur de nous pondre un album majeur pour le genre, encore moins neuf ans après le dernier et avec une durée annoncée de 33 minutes. Seulement pour moi l'album a à peu près autant de défauts que de qualités.

On va quand même être gentil pour commencer : Army of One est chouette, Let the Bad Times Roll est infâme mais comme le refrain est entêtant ça marche sur moi et The Opioid Diaries m'a rappelé "vite fait" la période Smash.

Mais l'album souffre de deux gros problèmes à mes yeux : la flemme qui se dégage de l'ensemble et la production.

Je vais d'abord développer ce que j'entends par flemme : sur une demi-heure on a un réenregistrement de Gone Away dans une version piano-voix (j'y reviendrai) sachant que dans Days Go By le groupe avait déjà réenregistré Dirty Magic, Lullaby est un genre d'outro à deux ronds qui reprend des paroles de Let the Bad Times Roll et je ne vois juste pas dans quelles circonstances on peut apprécier écouter ça et puis il y a Coming for You, un titre qui était déjà sorti en 2015... Mais le summum de la flemme pour moi, c'est qu'en plus de ces 3 morceaux qui sont déjà usés ou n'apportent rien, on a In the Hall of the Mountain King. Alors en voyant le titre lorsque la tracklist avait été annoncée ça m'avait fait sourire, et ils l'ont vraiment fait. Ca dure une minute mais au bout de 10 secondes on a compris ce que voulait faire le groupe avec cet emprunt au célèbre Dans l'Antre du Roi de la Montagne : le riff va tourner en boucle dans différentes tonalités et sera joué de plus en plus vite. Super, ça sert à rien, c'était facile, et vous avez gagné une minute.

Enfin pour la production, je suis resté bouche-bée en lisant que c'était bien Bob Rock qui était derrière tout ça. C'est quand même un producteur de renom, il a justement produit l'un des albums de The Offspring qui me parlent le plus (Rise and Fall), 5 albums de Metallica (6 si on compte S & M), Dr. Feelgood de Mötley Crüe, Keep the Faith de Bon Jovi, bref il a un CV plutôt classe quoi. Mais là c'est juste immonde, les cymbales sonnent parfois compressées comme si on regardait une vidéo YouTube en 144p, le son des guitares n'est pas très lourd là où les Offspring ont toujours eu un son de guitare qui envoie un peu le steak quand même bien que leur son de disto se soit "affiné" au fil des ans, et la voix, bon sang la voix.

Que Dexter Holland n'ait jamais été un très bon chanteur, ok pourquoi pas. La plupart des chansons de The Offspring ont toujours été trop aiguës pour être chantées convenablement dans la tonalité originale en concert, encore une fois pourquoi pas et de toute façon ses fausses notes ça fait aussi un peu partie du charme des albums à succès des années 90. Mais à 50 balais passés pourquoi vouloir chanter 2 tons plus haut que ce qu'on est capable de faire si c'est pour foutre de l'Autotune mal dosé partout ? Sérieusement ça s'entend à des kilomètres que sa voix est lissée à chaque syllabe, et c'est d'autant plus débile que l'Autotune est fondamentalement un bon outil qui, utilisé avec modération, peut donner de jolies choses (comme l'album Rise and Fall, au hasard). Là ça ne sonne pas naturel du tout et alors sur Gone Away c'est une pure catastrophe. Il y a quand même un moment dans la vie où il faut assumer que ses capacités vocales ont un peu diminué et contourner le problème en baissant la tonalité pour chanter mieux, plutôt que de tout retaper en post-prod. Je crains déjà le pire pour le titre éponyme de l'album en Live, le gars va lutter pour chanter le refrain convenablement...

Bon voilà, honnêtement ça me fend un peu le cœur car c'est la première sortie de The Offspring que je "suis" pour ainsi dire, ayant découvert leur musique sur le tard. J'aurais préféré que ce soit avec un meilleur disque que ça, mais tant pis. Cet album leur permet de mettre un peu de beurre dans les épinards avant de repartir en tournée et c'est le plus important.

Autre édition :

Let the Bad Times Roll - Deluxe Edition (2021)

Quelques mois après la sortie de l'album, le groupe met en ligne deux titres bonus présents d'office sur la version japonaise de l'album, un comble quand je vais détailler le contenu. Il y a une (bonne) version Live de The Opioid Diaries, et ça à la limite c'est typiquement un bonus d'édition japonaise. Mais il y a surtout une version de We Never Have Sex Anymore... en français. C'est juste honteux de ne pas l'avoir proposé sur l'édition française de l'album. Bon en tout cas ce qui est drôle c'est que le texte est très fidèle à la version originale, et que l'accent de Dexter Holland n'est pas honteux.