En 1999, le grand BB sortait cet album entièrement consacré à un artiste oublié par le grand public mais qui a eu un rôle important en mélangeant jazz (il a enregistré avec Ella Fitzgerald, Louis Armstrong), blues et rhythm’n’blues : Louis Jordan. On peut considérer ce dernier comme un des pères du rock’n’roll et son influence a été reconnue par Chuck Berry, Little Richard ou encore Bill Haley. BB rendait donc hommage à un musicien important, meilleur saxophoniste que chanteur si on veut être honnête, « amuseur » hors-pair (les Anglo-Saxons parlent d’«entertainer »), excellent musicien et compositeur qui a signé des morceaux souvent hilarants comme « Caldonia », « Let the good times roll », « Early in the morning », «Ain't Nobody Here But Us Chickens » ou encore "Is You Is or Is You Ain't My Baby". On les retrouve tous dans cet album. "Saturday Night Fish Fry" a même été considéré comme un des 1ers rock’n’roll de l’histoire, bien avant Bill Haley (évidemment le débat entre spécialistes peut être sans fin et on ne va pas s’aventurer là-dedans !), le morceau date de 1949 et Jordan répète dans le refrain "It was rockin'," à plusieurs reprises. Jordan a composé pas mal de ces titres. La guitare de BB est toujours fabuleuse et il s’est entouré de très beau monde : Dr John, Neil Larsen, Russell Malone, Lenny Castro, Earl Palmer (la batterie sur les plus grands hits de Little Richard et Fats Domino, c’est lui !!!) et des musiciens de Ray Charles, David "Fathead" Newman au sax ténor et Hank Crawford à l’alto. Une équipe de luxe qui s’éclate (ça s’entend). La musique de Louis Jordan était là avant tout pour amuser et divertir, elle dégage encore des décennies après une fraîcheur et une joie communicative. Cet hommage plein d’énergie a eu le mérite de remettre au 1er plan un artiste dont la notoriété a disparu à partir des années 50 alors que son succès avait été énorme dans les années 40.