Licensed to Ill
7.4
Licensed to Ill

Album de Beastie Boys (1986)

Jamais je n'aurais entendu un métissage entre rock et hip-hop aussi brillant et fun que celui des Beastie Boys. Si mes explorations musicales sont très rares dans le domaine du rap et hip-hop, ce groupe en est l'exception et notamment tous leurs albums entre Licensed to Ill et Ill Communication.


J'ose imaginer ce que ça devait être quand les Beastie Boys débarquent dans le monde du rap et en deviennent les premiers représentants à être classé numéro 1 aux USA. Très vite ces trois jeunes (ils avaient tout juste 20 ans quand le disque sort) blancs-becs issus de riches familles juives New-yorkaises ont su imposer leur style malgré une non-reconnaissance du milieu. Jouant sous les noms de Mike D, MCA et Ad-Rock, ils débutent d'abord comme groupe de punk hardcore à la fin des années 1970 avant de mêler hip-hop et rap sur du rock et hard rock, mélangeant intelligemment des sons lourds avec des samples, breaks, boites à rythme et leurs flows. Licensed to Ill doit aussi sa réussite à un ton totalement décontracté, les gars sont là pour s'éclater, ils se font plaisirs, ne se prennent pas au sérieux et c'est vraiment communicatif.


Ce premier album est loin d'être leur plus aboutis, Ill Communication ou Paul's Boutique le sont bien plus, mais Licensed to Ill représente mieux toutes leurs fougues adolescentes, un air totalement fun, décalé et déjanté qui contraste alors avec les groupes de rap de l'époque (qu'ils caricaturent dans Posse In Effect où ils évoquent les soirées où les rappeurs se ramènent armés). Bénéficiant de l'excellente production de Rick Rubin, ils s'échangent des flows avec autant de folies que d'énergie ou d'humour, le tout sur des rythmiques débordant d'idées tout en restant simple, jamais trop lourd et surtout irrésistible. Outre les rappeurs, ils se moquent aussi des dinosaures du rock en samplant sans pitié et sur un ton agressif Led Zep avec l'excellente Rhymin' And Stealin' (où ils reprennent les riffs de When the Levee Breaks) ou en parodiant Motorhead et leur live No Sleep Till Hammersmith avec l'excellent No Sleep till Brooklyn (dont le clip est hilarant).


Alors l'album n'est pas non plus parfait et certaines chansons comme Paul Reverve, Posse in Effect ou le machiste et simplet Girls sont clairement un ton en dessous, mais rien de préjudiciable tant le reste de l'album est irrésistible, les Beastie Boys offrant un cocktail fun, jouissif, délirant et qui donne bien envie de bouger. Emmené par le génial (You Gotta) Fight for Your Right (To Party!), le plus gros tube de l'album (voire du groupe) où des paroles aussi drôles que débiles viennent se mêler à un irrésistible riff hard rock, leurs échanges vocaux sont aussi pour beaucoup sur la réussite de cette chanson (et du groupe). Les titres sont souvent drôles et fun, leur façon de chanter est aussi unique que géniale, tout comme l'utilisation de divers sons et rythmiques, souvent judicieux et parfois vraiment créatif (même si l'ensemble du disque reste avant tout fun et délirant, la créativité sera plus grande dans les trois albums suivants). Plusieurs autres titres comme Brass Monkey, Time To Get Ill, Slow and Low, Hold It, Now Hit It ou She's Crafty participent à la grande réussite de Licensed To Ill.


Métissage parfait entre rock, rap et hip-hop, les Beastie Boys éclatent à la face du monde avec Licensed to Ill, album juvénile aussi fun qu'irrésistible. La suite sera, pendant à peu près 10 ans, d'excellente qualité, notamment avec Ill Communication, ce que je considère comme leur chef-d'oeuvre et disque le plus abouti. Depuis, Adam "MCA" Yauch nous a malheureusement quitté, laissant derrière lui un bel héritage musical et notamment ce premier album rafraîchissant qui fait un bien fou.

Docteur_Jivago
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Répertoire Musical, It's only rock'n roll... (but I like it !) et Les meilleurs albums des années 1980

Créée

le 7 avr. 2015

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Docteur_Jivago

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