2002, un jeune homme fan d'électro décide de s'écouter le premier album de David Guetta après avoir subi « Love Don't Let Me Go » en boucle tout l'été sur toutes les ondes. Mouais... C'est assez moyen. On sent l'amateurisme sur la plupart des pistes. L'aspect mal bricolé s'entendait déjà sur le single, mais là, c'est encore plus visible sur des titres naïfs comme « Atomic Food » ou « 133 » que même un DJ étudiant n'aurait pas osé placer sur un projet de fin d'année. Mais le jeune homme lui pardonne son écoute ; des titres bien funky comme « People Come People Go » venant parfois l'égayer, même si ils sont un peu en retard sur la French Touch 1.0. On ne devrait plus entendre parler de ce Guetta après ce coup d'essai qui... Hein ? Mais que se passe t-il ?
Par la magie de l'écriture, le jeune homme voyage dans le temps. Il voit autour de lui la musique mainstream s'aseptiser et une grosse tête de Guetta tourner en son sommet. Des « Love », des « Tut tut » lui arrivent dans l'oreille et malgré la vacuité de ces sons, des foules entières, certes un peu éméchés, scandent le nom du DJ. Puis des tas de producteurs qui te sortaient des trucs plutôt sympas se mettent à l'imiter... des Will.I.Am, des Calvin Harris et j'en passe... Heureusement, Internet évolue en même temps et offre à l'auditeur un minimum curieux des tas de choix musicaux, d'artistes à découvrir mais non... ça reste Guetta qui domine cette industrie avec ses millions de vue Youtube et ses mp3 vendus...
Le jeune homme arrive en 2014. Un nouveau Guetta est sorti. D'après ses interviews, il s'est réinventé, il a quelque chose de nouveau à dire, un nouveau style à imposer... A la vue de la playlist, on y croit moyennement, le terme « Love » étant visible sur ¼ des titres. Mais bon, admettons : l'Amour est universel ! Les Beatles en ont fait leur business aussi après tout ! Allez, on va écouter son single qui a rencontré un certain succès ce nouvel été, « Lovers on the Sun »...
Hé ! Mais ça commence plutôt bien ! Cette boucle de gratte et cette ambiance Grand Ouest ! On s'y croirait ! Bon, Bob Sinclar l'a déjà fait sur Western Dream mais passons... Le kick et le violon par dessus, ça passe aussi ! Et ce refrain où Sam Martin lève la voix... Il m'emporte avec lui, oui et... Mais merde ! C'est quoi ce synthé merdique au bout d'une minute ? Qu'est-ce que ça à voir avec le reste du morceau ? Ça gâche tout ! Et non ! Tu retombes dans tes travers avec tes montées qui mènent vers une vieille musique de fête foraine... tu fais chier Guetta ! Ce n'est pas ça composer une chanson ! Faut aller jusqu'au bout de son idée, de son morceau ! On dirait que dès que tu ne sais plus quoi dire, tu nous refous ta techno dégueulasse et au revoir la cohérence !
Le jeune homme est énervé, d'autant plus que Guetta lui refait le coup sur la plupart de ses titres. « Sun Goes Down » et son début Ragga DanceHall, « No Money No Love » et son intro Brostep, « Good Bye Friend » qui... auto-plagie « Lovers on the Sun », et toutes les autres qui commencent comme des chansons romantiques... et ben... il leur rajoute des gros Boum sur les refrains et des synthés trompettes que même Jean-Michel Jarre renierait en son époque. En plus d'avoir aseptisé les ondes, il s'aseptise lui-même, toutes les pistes se ressemblent. On peut comprendre qu'il veuille plaire à son public, mais lorsqu'on se veut artiste musical, il y a des concessions à ne pas faire, une certaine musicalité à respecter... Guetta ne respecte rien et fait toutes les concessions possibles.
Pour se détendre, le jeune homme regarde « Touche Pas à Mon Poste », une émission qui anesthésie le cerveau de tout ceux qui la regardent mais au moins, ça le calme... Comme le « Morning Live » à son époque... Bon, est-ce qu'il y a quand même des trucs à sauver là-dedans ? « Dangerous », le deuxième single, pourrait passer pour original auprès de personnes n'ayant pour culture musicale que la discographie de Guetta. L'instru presque orchestral, la bass donnant du cachet au morceau et la guitare façon « Niles Rodger » (sur-présentes depuis le « Get Lucky » de Daft Punk) fait le reste. « Hey Mama » avec une certaine Nicki Minaj sort aussi du lot, mais bon, en écoutant d'autres sons de Nicki, il se rend compte que c'est ce qu'est devenu le Rap/RN'B féminin et que... Oh Bon Dieu ! C'EST QUOI CE CUL ENORME !!!
Après cette érection, l'album se conclut sur une agréable ballade au piano avec Sia, « The Whisperer », pas forcément excellente mais c'est la seule compo qui ne vend pas son âme pour de la musique de boîte, et ça, ça fait du bien après ces 13 pistes ! Le jeune homme rit. C'est drôle quand même. Depuis « Just A Little More Love », Guetta ne s'est pas amélioré, ça sent toujours le travail d'adolescent et pourtant, c'est devenu le DJ numéro 1 d'après NRJ (merde, eux aussi sont des vendus en 2014 ?). Certes, on sent qu'il est maintenant mieux entouré, entre autres de mixeurs qui donnent du volume à ses sons, mais la structure des morceaux reste toujours aussi médiocre. C'est fou ce qu'on peut faire bouffer par la méthode Coué...
Le jeune homme va retourner dans le passé maintenant. Il aura un but ; empêcher absolument que l'industrie musicale devienne cette vendeuse de putes qu'elle est devenue, mais la question qu'il se pose est « comment faire pour améliorer tout ça » ? La diversité qu'offrira Internet dans son futur semble être une solution. Le partage, la découverte avec ses amis pour pas qu'ils sombrent... En tout cas, lui se réfugiera là-dedans.