Quand je parle des Who j'ai l'impression qu'il faut parler de deux groupes distincts, celui studio (et de l'excellente pop anglaise, mélodique et énergique certes avec des tubes en vrac) et celui live, sauvage, très rock, furieux, ravageur à souhait...
J'ai chroniqué ici un best of des Who et j'ai du mal à croire que c'est le même groupe sur les deux disques quand je compare avec ce « Live at Leeds ». Deux Who pour le prix d'un donc.
En live The Who c'est de l'énergie ultime et sans frein, du blues rock crasseux emmené par trois excellents musiciens et un très bon chanteur.
Sur cet album on est assez proche de Led Zeppelin entre blues rock crade, hard rock et dès l'entame du premier morceau Keith Moon annonce la couleur avec une batterie de feu.
Le son est brut, crade ; la production minimale contribue à rendre le côté furieux du groupe, Daltrey chante comme un bluesman déjanté, la guitare de Townsend n'a rien à voir avec celle des album studio..., une guitare électrique comme jamais. Quand à la rythmique : monstrueuse tout simplement !
Enregistré dans une petite salle avec 2000 spectateurs privilégiés (mais ils ne le savaient pas encore les veinards) afin de mieux capter l'énergie dévastatrice du groupe « on stage » .
Pour la première face mes préférences vont à « Subsitute » un de mes moreaux préférés du groupe et « Young man blues » qui ouvre l'album et donne le là !
« Summertimes blues » très bonne reprise certes mais peut-être le titre le moins indispensable du live (j'aimerais bien savoir ce que Eddie Cochran aurait penser de cette version).
Mais que dire de la seconde face : l'extase !! Un déluge décibels qui vous électrise.
« Magic bus » est bonifié par rapport à sa version studio, sans être trop long, jamais ennuyeux, plein de petites trouvailles ici ou là, c'est enlevé, bonifié mais jamais pompeux (comme parfois chez Led Zeppelin ou Deep purple live, et pourtant j'aime ces groupes).
Et que dire de « My generation » ; certes le titre peut – en théorie – paraître long (14 minutes) mais quelle claque, une version époustouflante, apocalyptique, l'apothéose de l'album, une fougue rarement égalée à l'époque (à part les MC5 dans un autre registre) et on voit pas les quatorze minutes passées (le groupe en profite pour greffer rapidement quelques passages d'autres titres que je vous laisse découvrir).
Ici on sent la sueur, on sent que les musiciens jouent avec leur tripes, l'authenticité crève les yeux et les oreilles.
Un des meilleurs LP live de l'histoire du rock (je pense que le groupe était alors à son apogée).
Excellent donc mais avec juste un petit bémol : dommage que sur les six titres on ait trois reprises (au demeurant très réussies, reprises de titres blues ou Rock'n'roll 50 ou 60's) et seulement trois morceaux standards originaux (j'aurais aimé entendre d'autres classiques du groupe par exemple « I can' t explain »).
Malgré tout un sommet du rock et un album qui doit être écouté comme l'essence même du rock et de ce qu'il devrait être.