Let’s Start…Retour aux sources. Retour d’une des nombreuses rivières à la source. Quand on sait que c'est Fela qui s’est inspiré du funk, et de James Brown, on aurait juré le contraire, et bien non. Et on a beau connaître ou pas, le bonhomme, à chaque fois, se sera le même impact. BOUM ! Un flot guttural en pleine tête, des cuivres pleins de sens, dressés, et bien alignés, un timbre inimitable, des percussions à foison, une basse immuable. Et à chaque fois, le même impact. Et ça marche à chaque fois. BOUMM ! Avant, c’était le premier titre, l’échauffement. Voici Black Man Cry : Un refrain hypnotique : Yéééé !
On ne peut pas faire plus simple. Un morceau interminable, et on est emporté comme par une irrésistible force brute, une grosse vague de rythme, qui nous colle contre le mur, et on danse. Et même sans danser, on transpire, toute cette chaleur, avec tous ceux qui sont sur la piste. Album live, avec comme une offrande, les applaudissements du public.
Yé Yé De Smell. Chanson à message, clair et sans fards. Un ami c’est bien. Mais quand il fait des trucs que les amis ne font pas habituellement ? On sent comme une drôle d’odeur…De smell. Un ami c’est bien, mais quand il te tourne le dos, ou te frappe dans le dos ? Une odeur de merde, non ? Ou de funk? De dessous de bras ? C’est ça qu’on sent, là ? On n’arrive plus à différencier l’entertainer qu’il était, du tribun, puis du symbole politique qu’il est devenu. Fela. C’est peut-être ça qui fait toute sa force. Une longue place laissée aux instrumentaux, des soli de claviers, (sonorités 1970), batterie virtuose, polyrythmie et groove. Du proto-techno, « naturaliste », et sans machines. Et le MC qui fait les relances, avec sa voix qui sort du fin fond de la nuit blanche. Pour nous éveiller, nous réveiller. Et nous inviter à la danse. Et ce n’est jamais innocent.
Avec Fela, on sait sur quoi on danse. Une musique ancrée dans son époque, ses aspirations, ses doutes. Sax ténor en lead, rageur, viril. Section d’instruments à vents Afro-jazzy qui souffle de l’autre côté de l’atlantique. Syncrétisme surprenant, fait par un petit génie sortie de sa boîte. Excentrique et engagé, homme de scène, et rebelle avec une cause. Beaucoup plus qu’un simple retour aux sources. Funky de smell.
L’Afro-beat, est-ce du jazz ? Question. Fela n’a pas fait école. Son expérience est originale et inespérée. On pense surtout à un aboutissement, quand on voit ça. Difficile à transformer, ou à « moderniser ». Et ça finit par un déluge de percussions. 12.35mn. Lessivé…
Egbe Mi O. Toujours la même formule. Une boucle avec des plis et bosses. Basse pour le riff, le mélodique. La batterie reine développe autour, et c’est parti pour le voyage. Et le minimum, se transforme en maximum. La guitare discrète. Et le clavier en chant. Solennel. Conscient que les paroles sont parfois inutiles. Pas de trop de notes. Pas trop. Le vocal décuplé par la parole dite, plus que chantée, dîte : J’ai quelque chose à dire ! C’est d’une rigueur terrible, caché par le groove. Et ça ressemble à un bœuf. Un gros Bœuf. Battle.
Battle entre Tony Allen, et Ginger Baker. Qui va gagner? Le rythme. Il peut se passer beaucoup de choses entre deux batteurs, dis donc ! L’un et l’autre qui se regardent comme deux boxeurs en exhibition. Et chaque coup de caisse lance des éclairs, des lucioles. Live !