Sur une voie de garage, Bowie ferraille en vain et rouille pour de bon...

Alors que Bowie joue au dur avec ses lascars de Tin Machin(e), il lui vint un jour l'idée saugrenue de parcourir le vaste monde pour asséner au public les chansons du groupe après deux sorties studio. De cette tournée jaillit dans le nombre des pirates à l'époque un Live officiel qui fit un bide mémorable, une bonne dérouillée pour son aventure en ferraille...

Après des répétitions à Saint-Malo et à Dublin, Tin Machine prit les voiles pour faire escale dans les salles américaines, nippones et européennes avec le guitariste Eric Schermerhorn, comparse d'Iggy Pop. Intitulée It's my Life tour en référence au tatouage dans le dos de Hunt Sales - à l'origine d'ailleurs du titre de l'album Oy Vey, Baby, clin d'oeil à l'album Achtung Baby de U2 de 1991 – cette tournée vit le groupe mener sa barque tant bien que mal avant de prendre l'eau et de sombrer définitivement sans fleurs ni couronne.

Pas de malentendu ! Le teeshirt Fuck You Im in Tin Machine porté alors annonce la couleur : Bowie continue de se fondre dans le groupe abandonnant les anciens titres de sa belle carrière. Même si les fans espèrent le retrouver en vain, ce dernier se revendique simple chanteur de groupe rock, tandis que le grand public passe à côté de Tin Machine qui n'arrive pas à rameuter la foule. L'affaire est donc mal engagée. Toujours soucieux d'oublier sa vie antérieure, bien rasé de près et souvent torse nu, Bowie chanta uniquement le répertoire Tin Machine ainsi que des reprises de groupes tels que Roxy Music ou les Pixies. Etrangement l'album Oy Vey Baby ne compile que huit titres – le minimum syndical – comme si le reste était de trop de peur de lasser ? Que dire de ces 47 minutes de rock sans fioritures, très cogneur en batterie et rageur en guitares, passant de manière monotone pour tout dire ? A ce titre Tin Machine Live retrouve la très lourde patte du premier album studio plus proche de l'enclume que de la plume...On a l'impression d'entendre toujours le même son de la reprise de Roxy Music - "Je ne sais pas pourquoi il l'a fait. J'aurais préféré qu'il évite" dixit Brian Ferry - à You Belong In Rock'n'Roll. Quand tu as usé Hunky Dory ou Low jusqu'au dernier sillon, ça pique un peu et ça ennuie beaucoup. Le titre Staside chanté par Hunt Sales peine pendant 8 minutes bien trop longues avant que Heaven's In Here ne s'éternise pendant 12 minutes. Quelquefois ça dépote bien (Under The God, I cant Read) mais ça accroche quand même les oreilles. Et surtout ça n'apporte rien de nouveau par rapport aux groupes de l'époque. De loin, le Bowie rock de Scary Monsters est plus percutant ! Il existe également une vidéo de Tin Machine intitulée Oy Vey, Baby. Contrairement à l'album, elle documente une performance unique du groupe : le concert du 24 octobre 1991 aux Docks de Hambourg en Allemagne. Et c'est franchement soporifique.

Tin Machine besogne sans vergogne, les critiques s'en cognent et le public fait la trogne. Bowie connut alors sa pire gamelle commerciale depuis des lustres. Avec les tensions provoquées par le comportement imprévisible du batteur plombé par les drogues, cela sonna la fin du groupe pour Bowie déjà à l'affut de nouveauté, larguant les frères Sales dans son sillage. Seul rescapé du naufrage ? Reeves Gabrels embarqué dans ses bagages pour une carrière de nouveau solo. Son tourneur Alain Lahana résuma ainsi l'histoire : " On ne peut pas dire qu’on est à part égale avec quelqu’un comme Bowie dans un groupe. Le fait même que ce soit un groupe est une anomalie. C’était un groupe super mais Bowie est Bowie. C’est lui le leader, c’est lui qui conduit de toute façon. Un projet dans lequel il était, il le vampirisait de toute façon." A l'évidence Tin Machine était exsangue, il lui fallait désormais une nouvelle proie.

Créée

le 17 janv. 2024

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