Putain de cuivres !
En juillet 2023, Iggy donnait un concert à Montreux dans la foulée de son album Every Loser, pour un public conquis d'avance. Avec ce live capté lors de la 57ème édition du Jazz Festival, l'Iguane...
le 29 janv. 2025
2 j'aime
En juillet 2023, Iggy donnait un concert à Montreux dans la foulée de son album Every Loser, pour un public conquis d'avance. Avec ce live capté lors de la 57ème édition du Jazz Festival, l'Iguane relève le défi de surprendre encore et de maintenir la flamme. Comme à son habitude, l'animal ne s'épargne pas. Certains se souviennent d'un précédent concert sur la scène suisse, lorsqu'il perdit une dent dans l'affaire..."Je donne un petit plus à chaque fois que je joue à Montreux. En 2023, j'ai enregistré des titres très importants comme Mass Production, Endless Sea, Five Foot One et j'ai transpiré énormément. L'auditorium Stravinsky est spécial, comme Carnegie, The Garden ou l'Opéra de Sydney. J'ai plongé dans tous ces endroits." La performance est désormais disponible en format audio et video, le Blu-ray avec le titre Rune en bonus, offrant ainsi un catalogue de jolis morceaux de bravoure.
D'emblée, la setlist séduit tant elle promet un joli voyage dans une carrière heurtée et singulière. Rendons hommage aux sept musiciens de la soirée : Florian Pellissier aux claviers, Tibo Brandalise à la batterie, Kenny Ruby à la basse, Grégoire Fauque et Sarah Lipstate aux guitares, Leron Thomas à la trompette et Corey King au trombone. En si bonne compagnie, Iggy assure le show en déroulant ses classiques avec une belle énergie qui laisse pantois. Dès l'ouverture avec Five Foot One, Iggy tombe le gilet noir pour parader torse nu, gratifiant son public de deux majeurs et d'un "Hey motherfuckers, kiss my ass"....on sourit en coin devant ce cirque en sachant bien que l'Iguane sacrifie à sa légende de jeune fauve, mais l'essentiel n'est pas là. Aurons nous droit à un chouette concert du vieux briscard ? Tandis que des écrans latéraux affichent des photos variant selon l'époque, l'Iguane tient encore la scène, le corps tordu par une foutue vieillesse, gesticulant à grands coups de Fuck ! Et il claque bien son monde.
Pour la moitié du show, les titres incendiaires des Stooges font un petit tour bien énervé de T.V Eye à Down on the Street, sans oublier la torche Raw Power que l'on retrouve avec plaisir sur son piano trépidant. Porté par une basse hypnotique, Gimme Danger prend feu sur une furia de guitares...et des cuivres dont on se demande ce qu'ils viennent faire ici..."Pas un putain de voyage à la plage" hurle Iggy pour lancer Death Trip ! On confirme, mais les cuivres tombent encore un peu comme une perruque dans la soupière. Encore plus surprenant, Sick Of You commence en mode jazz avant de muter brusquement en Frankenstein sonore et métallique pour reprendre son calme au final. Sur l'énergique I Wanna Be Your Dog, Iggy Pop se roule par terre sous les vivats et les choeurs du public, histoire de sacrifier à l'exercice désormais culte. Puis Search and Destroy et Down On The Street balancent bien encore une fois. Avec un son excellent, ces folies punk sonnent bien...mais perdent quelquefois de leur rage originelle à cause de ces cuivres incongrus et parasites, surtout trop sages et très domptés. Loose en est la démonstration encore une fois. On est loin de l'expérience démente et démontée du saxophone de Steve MacKay sur Fun House, bien plus dissonant et sauvage. C'est à mon humble avis le travers agaçant de ce concert. Pas frapper....
Une autre partie de la setlist repose sur des titres fameux, ceux de la période heureuse quand son ami Bowie l'accompagnait en studio. The Passenger reprend du service, occasion pour Iggy d'échanger avec le public, mais encore une fois pourquoi ces cuivres ? A la suite Lust For Life déroule bien sans surprise. Et Iggy chante avec un jeunot, qu’il fait monter sur scène, pour mieux faire rugir l’Auditorium Stravinski très chaviré. Un fantôme surgit alors quand Mass Production débarque, Iggy chantant de sa voix de crooner gothique dans un écrin de rock industriel. Pour une fois, les cuivres accompagnent bien la chanson en dérivant à la suite de ce ravage erratique, mais ils gâchent un peu Nightclubbing, qui déambule sur une rythmique et des guitares implacables, écourté en douce. Enfin Iggy puise dans son répertoire solo. Le lancinant Endless Sea est joliment réussi, très intense. Un moment fort du show certainement. Apparaissent aussi des chansons plus récentes, telles que le robuste Modern Day Ripoff et l'énervé Frenzy, qui finit très bien l'album en invitant Real Wild Child (Wild One) dans les derniers soubresauts du show.
Pour ce chouette concert, Iggy joue sur du velours et déroule ses classiques. Avec plus d'un tour dans son sac, cette bête de scène assure à l'aise le spectacle : "Et maintenant nous sommes intimes..." s'amuse-t-il sur I Wanna Be Your Dog. Bonne soirée donc...Avec son groupe très affuté, l'Iguane nous offre donc un joli moment. Mais c'est moi ou j'ai la désagréable impression de subir des moustiques tenaces lorsque ces satanés cuivres s'invitent dans la danse ?
Créée
le 29 janv. 2025
Critique lue 12 fois
2 j'aime
Du même critique
En juillet 2023, Iggy donnait un concert à Montreux dans la foulée de son album Every Loser, pour un public conquis d'avance. Avec ce live capté lors de la 57ème édition du Jazz Festival, l'Iguane...
le 29 janv. 2025
2 j'aime
La mort à 47 ans dans une geôle paumée de l'Arctique russe, ça vous campe un bonhomme. De retour d'un séjour en Allemagne où il se remettait péniblement d'un empoisonnement du FSB, Navalny choisit de...
le 16 févr. 2024
2 j'aime
Après l'extraterrestre TJ Newton tombé sur terre, Bowie campe un gigolo dans le Berlin décadent des années 1930....Sur le papier, ça peut le faire tant Bowie joue de son charme particulier avec...
le 5 févr. 2024
2 j'aime