Présenté à tort comme un album berlinois, Lodger se distingue de Low et "Heroes" par sa simplicité. Quelques bonnes chansons évidemment (African Night Flight, Move On, DJ, Look Back in Anger surtout), mais un je ne sais quoi de dilettantisme éparpillé quand les deux autres albums de la prétendue trilogie berlinoise avaient chacun une personnalité et une cohérence bien définies, un style en somme. Il faut de préférence écouter le remix de Visconti en 2017 qui lui accorde une bonne cure de jouvence. Mais bon coincé entre "Heroes" et Scary Monsters, pas facile de briller pour ce disque sympathique, considéré le plus souvent comme mineur dans sa discographie. Victime de l'ombre portée de deux célèbres albums, Lodger est cependant nettement supérieur aux bouses des années 80 sorties par Bowie qui se perdit alors dans une franche médiocrité très besogneuse. Selon les mots mêmes de Bowie : "Personnellement, je vois Low et Heroes d’un côté et Lodger de l’autre. Même si ce dernier n’est pas totalement réussi, il a ouvert la porte à toute une world music, aux Talking Heads. Il a ouvert de nouvelles perspectives qu’Eno a ensuite utilisées sur My Life in the Bush of Ghosts et sur Remain in Light, un des disques de rock les plus matures de l’histoire. Ça a eu le mérite de lui faire découvrir le funk !" Lodger est une respiration agréable avant le magistral Scary Monsters qui coupa le souffle à beaucoup.