Dans ce premier opus plutôt culte du trip hop, on retrouve bien les éléments qui feront d'Archive ce qu'il sera, même si peut-être encore un peu à développer. Les quelques montées en puissance, les (belles) voix féminines, l'instrumentation riche, l'aspect urbain, etc. il ne restait plus qu'à ajouter un certain goût pour les très longs morceaux frôlant le rock progressif, des guitares justement, des voix masculines chantantes, une orientation plus rock en règle générale, et surtout à faire tourner le personnel, cela sous l'égide de Danny Griffiths et Darius Keeler bien entendu.
Un groupe qui n'en est qu'à ses balbutiements et se cherche probablement, donc, mais qui est loin de livrer un brouillon (le rap de Rosko John mérite probablement d'être qualifié comme tel, mais il est loin d'être déplaisant), même si Old Artist et ses violons à la con (les mêmes qui sublimeront le morceau titre, certes, mais aussi ceux qui reviendront faire chier dans Organ Song) et All Time qui pose les yeuks sur la table en faisant presque rapper Roya Arab n'ouvrent pas les hostilités de la meilleur des manières (So Few Words aurait probablement été un meilleur choix pour commencer l'album). Headspace, son sample fadasse qui tourne en boucle et sa Roya qui opère dans un registre plus soul, sera également un faux pas, bien qu'il fasse intervenir Karl Hyde d'Underworld (la contrepartie du groupe de Cardiff pour le sample de Mmm…Skyscraper I Love You sur Skyscraper ?). Reste la curiosité de ne pas avoir fait du morceau caché à la fin de Last Five un truc à part entière.
Avec un album de 10 morceaux, le groupe ne serait vraiment pas passé loin du 10/10 pour ses débuts, un peu dommage, mais aussi de quoi montrer que la bande a une marge de progression. Elle commence quoi qu'il en soit sur des fondations solides.