Lost in Reverie par EcceLex
Dans Emperor déjà, Ishahn entrouvrait les portes d'une musique aux sonorités nouvelles et rarement, sinon jamais (à ma connaissance, et j'espère me tromper), entendues ailleurs. Un mélange curieux d'avant-gardisme et de quelque chose de très difficile à décrire dont on pouvait déjà entrevoir l'esquisse dans Prometheus: The Discipline of Fire & Demise.
Il s'agit donc tout naturellement pour lui, dans Peccatum, d'explorer ce nouvel horizon musical. Après un très bon Amor Fati, aux sonorités encore quelque peu rugueuses mais tellement réussies, notre très cher ami s'éloigne encore un peu plus, en compagnie de son épouse, la belle Ihriel, les derniers restes du son Emperor pour s'essayer à la composition d'un album qui semble avoir pour objectif de mêler violence et douceur, d'être le digne le fruit de la rencontre et d'univers musicaux très différents.
Il existe, bien entendu, une multitude de projets hybrides, multiformes, dans tous les domaines musicaux, mais peux nombreux sont ceux qui, comme Peccatum, tâchent de s'inscrire dans l'opposition de contraires plutôt que dans le mélange de genres différents. La violence de la musique de Ishahn, qui nous livre quelques belles fulgurantes toute droit sorties des belles années d'Emperor, s'oppose souvent sans transition à la beauté et à la douceur de la voix de son épouse Ihriel. Leurs compositions sont dès lors, sans surprise, toujours un peu curieuses dans leur construction : alternance de mélanges jazzy, trip-hop et de passages de métal industriel. Le résultat est surprenant, intimiste, réconfortant, et pourtant glacial et éthéré.
C'est magnifique, l'alchimie du couple opère et Lost in Reverie est à n'en pas douter un chef d'œuvre du métal d'avant-garde norvégien : mais il est tellement unique par l'ambiance qu'il parvient à installer, par le son qu'il parvient à mettre en place, qu'il me semble être difficile de le comparer à quelque autre groupe que ce soit, sinon Emperor et Star of Ash, le projet solo de Ihriel.