John Scofield étant sans doute l'un des guitaristes les plus éclectiques sur le plan des styles et atmosphères (voir son album gospel), il faut préciser que Loud Jazz a sa place dans la catégorie fusion, avec des thèmes et des progressions souvent empruntés au rock (la ligne de basse du très réussi Tell you what, par exemple). Les nappes de synthés sont là, de même que les solos de... euh... keytar ?, mais après tout on est dans les années 80, il fallait s'y attendre. Et, bonne surprise, les claviéristes savent ce qu'ils font. Traduire : nappes et keytar, mais avec modération, et on y prend parfois même un plaisir honteux. Dennis Chambers à la batterie assure le côté "loud" de l'album. Ce groupe a décidément une alchimie unique, et on ne s'étonne pas que leurs lives soient des tueries après avoir écouté l'album studio. Quant au phrasé et au son de Scofield, c'est personnel comme opinion, mais j'adore, et on ne peut regretter qu'un manque de variété dans les compositions - toutes de bon goût, avec groove et élan comme seuls les grands de la fusion savent le faire, mais basées sur une section rythmique qu'on aimerait parfois entendre moins carrée. En conséquence, même si terminer sur des ballades se révèle un choix heureux, on peut reprocher au groupe une alchimie moindre dans cette partie de l'album, voire simplement un son qui a mal vieilli (sauf pour la guitare de Scofield, je ne m'en lasse pas).
Mais peut-être l'écoute du prédécesseur, Blue Matter, révèlera-t-elle les véritables failles de Loud Jazz, qui rate de peu une sacrée claque à la première écoute.