Kaoru Abe joue du saxo comme Saturne dévore ses enfants. Les ondes, l'instrument, l'air et la salive, il dévore tout jusqu'à la moelle, jusqu'au nos cœurs, jusqu'à nos respirations et jusqu'à l'amour dans nos ventres. Kaoru Abe est glouton. Les émotions découpées à l'acier. Les sensations comprimées contre la mie onctueuse d'un sandwich au beurre. Tout ça bat, bat la chamade, comme si le pouls se décollait des veines, comme si on arrachait une peau vive au muscle, que le sang s'envolait dans la nuit spatiale et que les yeux tombaient dans des flaques d'étoiles. Un son qui tire les cheveux et caresse la bestiole au fond de l'âme, une sorte de rongeur ancien terrifié autant qu'émerveillé. L'impression que la matière inerte et perclus se déboîte d'elle-même, comme une épaule, pour perdre son empire et devenir énergie vitale.

Orobuu
10
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le 14 sept. 2024

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