Lucarne (EP) par nico94

Ancien guitariste chanteur de plusieurs formations rock des années 90 (Noodles, Les Mains sales et surtout Dirty Hands que j’apprécie particulièrement), Gilles Moret, après une longue absence, remet le couvert et nous revient avec son nouveau groupe nommé Gil pour nous présenter un CD six titres, « Lucarne », sorti sur le très bon label « Nineteen something » (spécialisé dans les rééditions de disques du rock français des 90’s mais qui nous concocte également quelques nouveautés intéressantes). Lucarne, le nom de l’album, est sans doute une référence au foot puisque celui-ci est l’autre passion de Gilles qui en plus d’être musicien est également le speaker officiel du SCO d’Angers club de Ligue1. Beaucoup de groupes de rock français des années 90 étaient fans de foot, ce qui paraît-il donna lieu à des tournois mémorables entre groupes havrais, angevins et bordelais notamment.

Alors qu’on commence enfin à se rendre compte que le rock français des années 80 et 90 regorgeait d’excellentes formations, sans concession et tenant parfaitement la route (Noir Désir évidemment, les Thugs bien sûr mais également d’autres noms qui sont souvent restés trop longtemps dans l’oubli : Dirty Hands, Skippies, Scuba Drivers Fixed up, Kid Pharaon & The Lonely Ones, Wild Child pour n’en citer que quelques uns tout en restant dans dans un registre assez proche, sans omettre l’inoxydable Little Bob qui lui a traversé toutes les décennies, voire Paul Personne, plus blues), Gil poursuit donc son œuvre originale et inspirée, tout en étant dans la lignée de groupes tels Radio Birdman ou Sonic’s Rendezvous qui pour moi représentent l’essence même du rock par excellence. Et toujours dans l’esprit de ce que ce rock français des années 90 a produit de mieux. Plus raffiné et mélodieux que le punk mais plus rock que tous ces groupes s’auto-proclamant « rock » mais voulant en réalité absolument sonner pop, electro ou new wave. Là, si la mélodie est bien présente les guitares sont ciselées et rentre dedans, parfois un peu bluesy, parfois un peu noisy avec une grosse section rythmique bien dense.

Accompagné par Damien Prono (basse) et Medhi Ennemri (batrerie) on sent que les musiciens ne sont pas des novices et ont de la bouteille.

Ceux qui connaissent et apprécient l’univers de Dirty Hands, particulièrement l’album « Bleus », ne seront pas dépaysés notamment par la voix qui a gardé des intonations très proches.

On sent la joie de jouer ensemble, le plaisir de jouer du rock… Du rock de puristes, sans artifice, assez intimiste mais joué sans prise de tête, avec ses tripes et toute la sincérité qui va avec.

Tout en sobriété et sans jamais chercher à en faire trop ou à en mettre plein la vue. Mais avec des compositions pleines d’à propos et de variations.

Sur « Seule, la nuit » c’est la rythmique basse / batterie qui est mise en avant, agrémenté d’un sifflement des plus astucieux qui apporte une touche de gaieté au morceaux.

Christophe Sourice vient faire quelques choeurs de toute beauté comme au bon vieux temps des Thugs dont il fût rappelons le le batteur, notamment sur « Hôtel de l’univers », ma préférée, au rythme plus enlevé. Et toujours cette voix au timbre si reconnaissable, si personnelle et qui accroche d’emblée. « Insolation » nous ramène vers une atmosphère qui n’est pas sans rappelée un Fugazi qui serait légèrement apaisée, sous contrôle.

Et puis il y a « Samuel Hell » la diabolique reprise d’Alain Bashung, très réussie qui clôt le disque, endiablée et presque angoissante, flippante dès que le chant s’emballe et nous assène ses « Allez au diable, je m’appelle Samuel Hall et je vous déteste tous » !

A signaler que les textes sont en français et font preuve d’une incontestable poésie (notamment sur « Et au loin » et « Hôtel de l’univers », le phrasé de Gilles Moret permettant d’en saisir tous les mots c’est assez rare pour être signalé).

Ce mini album va bien sûr être l’occasion d’un retour sur scène avec pour l’instant essentiellement des dates prévues dans la région angevine (Angers terre de rock par excellence !) mais espèrons-le prochainement partout en France. Une date est d’ailleurs prévue le 9 novembre à Paris.

Ah oui la production est signée Christophe Sourice (Angers toujours Angers !).

Un retour qui fait sacrément plaisir.

PS : Gilles Moret est le nom du guitariste, le nom du groupe est GIL

Article initialement paru le 02/10/2022 sur le webzine Rock Alive

https://lennon62.wordpress.com/2022/10/02/gil-lucarne-2022/

Hôtel de l'univers

https://www.youtube.com/watch?v=skKeQA3beQ0

Samuel Hall

https://www.youtube.com/watch?v=zUlp3DL7VGI