Booba en quelques mots:
5 disques d'or, 3 de platine avec 1 000 000 d'albums vendus. "Autant de cons", vous m'en direz tant.
La Nouvelle Revue Française ( analyses et critiques littéraires depuis 1908 avec André Gide et Gaston Gallimard ) le qualifie de successeur du bon L-F Céline, de par la puissance, la véhémence et la qualité de ses métaphores.
Si la vulgarité est un crime, Bret Easton Ellis, Pierre Louÿs, Sade et bien d'autres encore mériteraient le traitement même que l'on administre avec violence à Elie Yaffa.
Certes, il est préférable de discuter culture entre amis des derniers vers de Philippe Jaccottet plutôt que des punchlines de Booba. Les autodidactes qui réussissent semblent un tantinet goujats face à des khâgneux ou des normaliens plus laconiques dans leur production. Mais c'est une réelle fraîcheur qui s'apporte à la poésie française, bien que Victor Hugo ne soit plus de ce monde pour tenir de tels propos.
Cependant, restons sérieux, le quart de la moitié de sa production musicale est à conserver, et je défends ici uniquement ce qui lui a construit une forme particulière de respectabilité.
Dans "Couleur Ébène" ( instrumentale de feu DJ Mehdi ) ainsi que dans une bonne partie de ses titres, Booba évoque la stigmatisation des racisé.e.s , depuis la traite des Noirs jusqu'à la ghettoïsation dans les banlieues de ce même peuple. Il en tire une prose remarquable, qui traduit les sentiments d'une génération entière de la périphérie parisienne.
Il est également nécessaire de mettre de côté une bonne partie de son sérieux afin de se laisser enivrer par la douce mélopée des nombreuses figures de style qu'il utilise de manière crue et sauvage; mêlant l'or et la merde du lexique français, il est devenu alchimiste, aimé et haineux.