Ulver, où le groupe le plus déroutant qu'il puisse exister. Du black metal le plus raw (Nattens Madrigal - Aatte Hymne til Ulven i Manden) à l'electro trip/hop urbaine de Perdition City, en passant par la folk acoustique de Kveldssanger ou bien les reprises psychédélique de chansons pop des années 60 (Childhood's End (Lost & Founds From The Age Of Aquarius), le groupe norvégien n'est jamais où on l'attend et arrive à chaque album à surprendre l'auditeur, tout en proposant à chaque fois une qualité exceptionnelle. Pas de mauvais disques, ni même de moyens ou de simplement bons, et un goût toujours plus prononcé pour les expérimentations et l'exploration musicale. Être fan d'Ulver n'est pas de tout repos, l'on doit accepter d'être amené loin de toute zone confortable à chaque nouvel opus, mais le jeu en vaut clairement la chandelle, et je dois dire que les norvégiens ont largement contribué à ouvrir mes horizons musicaux, vers des choses que je n'aurais sûrement jamais écouté sinon.
Sorti en 2002, Lyckantropen Themes est la première B.O composé par Ulver, pour un court-métrage suédois dont je dois avouer que je n'ai jamais vu une seule image de celui-ci. Ce qui n'est absolument pas un problème, l'album n'ayant pas besoin d'être accompagné par les images pour libérer son incroyable puissance évocatrice, bien au contraire. On a droit sur ce court disque (trente-six minutes) a un mariage entre des nappes électroniques rehaussées de bruits étranges et indéterminées et de quelques mélodies au piano belles à en pleurer. Pas question ici de parler de tel ou tel morceau, l'ensemble ne formant qu'un seul bloc, qui fait sombrer l'auditeur dans un ailleurs. L'écoute de ce disque est recommandée au casque, les yeux fermés, comme pour la majeure partie de la discographie d'Ulver, si on veut en saisir toutes les subtilités et que l'on veut se laissé happer avec plaisir dans les méandres sans fond de cette musique qui est plus que de la simple musique. Ici, on touche au sublime, à quelque chose qui vise directement l'âme, les émotions les plus brutes que l'on peut avoir en nous.
Un disque une nouvelle fois hautement recommandable pour un groupe définitivement à part.
Chronique aussi disponible sur Xsilence.net: http://www.xsilence.net/disque-9733.htm