Des débuts difficiles pour Madonna Louise Ciccone, qui à cinq ans, perd sa mère, emportée par un cancer du sein. Elle sera alors élevée par un père autoritaire (toujours moins que celui de Michael Jackson) et plusieurs belles-mères qui le sont toutes autant, ce qui lui donnera son instinct « rebelle », bien qu'elle appliquera cet autoritarisme à ses propres enfants des décennies plus tard. A l'école catholique, elle est curieuse d'à peu près tout les domaines artistiques mais c'est surtout la Danse vers laquelle elle se dirige à l'Université de Michigan, qu'elle vit comme un échappatoire. Poussée par les encouragements de son prof’ de ballet, la Madone à ses 19 ans décide de s'installer au centre du monde…
New York, 1978 et Madonna apprend la vie à la dure, sans le sou, elle gagne sa croûte en tant que serveuse et modèle nue. Habitant dans un quartier chaud, elle se fera voler, cambrioler et même violer, ce qui explique d'autres traits de son caractère. Elle passe malgré tout ses nuits dans les clubs, où elle rencontre un tas de beau monde, ce qui l’entraînera à danser pour Patrick Hernandez (j'en parle ici) ou à jouer avec son premier groupe « The Breakfast Club », à écouter si vous voulez l'entendre dans sa version Punk, peu connue.
Madonna quittera le groupe avant qu'ils sortent leur plus gros hit « Right on Track » et avec son batteur Stephen Bray, elle commence à penser carrière solo et écrire plusieurs démos (qui se retrouvent dans la compil’ « Pre-Madonna » sortie en 97). Elle se cherche et peu à peu, dans une période riche musicalement, elle commence à trouver son propre style et un soir, elle convainc un DJ, Mark Kamins de passer son « Everybody » qui devient vite un succès dans les clubs. Kamins et Madonna se mettent en couple et vont ensemble porter ce premier album Madonna à Sire Records.
Un album pas facile à produire, Madonna étant déjà assez capricieuse à moins que ce soit les producteurs qui n'écoutaient pas ses idées, les versions divergent. Reggie Lucas, qui aura écrit les titres « Borderline » et « Physical Attraction », partira avant la fin (remplissant le mixage de trop d'instruments) et sera remplacé par John Benitez, qui adoucira la patte et lui trouvera son premier gros succès international, à la base écrit pour deux chanteuses des Supremes ; « Holiday ».
Les huit pistes qui composent Madonna sont typiques de cette ère post-Disco, où l'on décide de faire du Chic avec des machines ; y a de la boîte à rythme Linn, du Moog, du synthé OB-X et ce qu'il faut d'instruments les accompagnant (contrairement à aujourd'hui où entendre du sax dans un morceau est tout de suite qualifié de génie)… Dans mon élément Synthpop, parfois proche de la Funk synthétique de Prince, j'ai évidemment pris beaucoup de plaisir à les écouter. Ça fait tellement du bien de réentendre des choses comme la montée synthétique, presque psyché sur les refrains d' « I Know It ».
Si les compositions peuvent paraître faibles, elles sont rattrapées par des productions léchées, moins minimalistes qu'elles en ont l'air, qui sonneront sans doute d'un autre temps pour certains. Ça n'empêchera pas d'avoir des airs comme « Borderline », « Burning Up », « Holiday » ou « Everybody » en tête pour un bon moment… L'interprétation délurée et immature de la jeune chanteuse (parfois accompagnée de chœurs avec justesse) est même un plus. (J'ai un peu plus de mal avec les autres pièces, dont le single « Lucky Star », pourtant deuxième gros tube de la star montante…)
Je ne suis pas le seul à avoir pris du plaisir à écouter Madonna puisque l'album a été vendu à plus de dix millions d'exemplaires dans le monde. Si il est convaincant comme peut l'être une première fois, on sent néanmoins qu'il peut être utilisé comme une bonne base sur laquelle concrétiser, avec cette fois peut-être plus de réussite dans le travail d'équipe et de maturité dans le song-writing.