Magic Fly par Strangeman57
Si beaucoup pensent que la fameuse French Touch électronique, qui conquiert encore aujourd'hui avec ses hauts et ses bas le monde entier, a commencé à exister seulement avec les débuts de Daft Punk dans les années 90, et bien ils se fourrent le doigt dans l'oreille bien profond. Fin des années 70, des petits français de Jean-Michel Jarre (le plus connu) à François de Roubaix (le précurseur) s'amusent déjà à tâtonner de la machine et font partie du mouvement regroupant encore une bonne vingtaine de membres qu'ils appelaient alors "Musique Synthé". Je vous laisse découvrir la compilation "Cosmic Machine" sortie l'année dernière pour vous donner un très bon aperçu de ce dont ils étaient capables. "Space" a comme particularité d'avoir été le premier groupe du genre à s'être exporté et devenir mondialement connu, avec leur célèbre "Magic Fly". Pour imager, ce sont un peu les "KraftWerk" ou "Yellow Magic Orchestra" de chez nous.
Alors lorsqu'on regarde le clip du single, on devine d'emblée où Daft Punk ont puisé leurs influences au niveau du style, ces casques, ils n'ont rien inventé, l'imagerie "Musique Synthé" rêvait déjà le futur. D'ailleurs, tout se regroupe très vite: dans leur dernier album "RAM", leur teaser vidéo pour "Get Lucky" ressemble (en à peine moins kitsch) au clip de Magic Fly; mais ce n'est pas tout! La musique de Giorgio Moroder, dont un hommage est fait sur la piste 3, "Giorgio By Moroder", retrouve de nombreuses réminiscences dans celle de "Spaces", qui malgré le fait qu'elle soit considérée comme "synthpop", s'entend souvent comme du "post-disco". Ils n'étaient pas les seuls en France vous me direz, citons le plus connu "Cerrone" dont il faudra sûrement que je parle un jour. Ah! Quelle fameuse époque!
"Carry on. Turn Me on" qui conclut l'album ressemble d'ailleurs beaucoup au fameux "Supernature" de ce dernier; seul morceau chanté de l'album. Mais il ressemble également aux morceaux chantés de Moroder. On retrouve d'ailleurs sur la plupart des pistes, les basses et le fameux "Moog Modulator" qui a fait le succès de ce dernier (réécoutez "The Chase" ou "I Feel Love" pour comprendre de quoi je parle.) "Fasten Seat Belt" et "Tango in Space" s'inscrivent donc dans ce genre de morceau post-disco, rythmé d'une façon à remplacer les riffs d'un Nile Rodgers par des synthés et qui possède sa petite ritournelle sympathique au clavier. Les autres titres de l'album, eux, auraient tout à fait leur place dans les Bande Originales de films de l'époque, celles entièrement joués au synthé... Je me demande d'ailleurs où j'ai déjà entendu ce "Bank Theme". Le DJ "Aeroplane" a réussi à atteindre un niveau similaire avec son "Point of No Return" en 2010.
Avec ce premier album futuriste et presque mystique, "Space" n'a rien à envier à ses concurrents outre-frontière. "Magic Fly" n'est pas parfait, mais il démontre d'une maîtrise égale, voir même parfois supérieure dans la composition et le mixage, par rapport aux autres sorties électroniques et mondiales de l'année. Une imagerie et un style qui restera une référence pour les frenchies (Justice, clin d'oeil) et les électroniciens du monde entier.