J'ai mis du temps à vraiment apprécier cet album.
Peut-être parce que ça n'était pas vraiment un LP à proprement parler mais une espèce de maxi-single regroupant des chansons composées indépendamment les unes des autres.
Peut-être aussi parce que la galette a pris le rôle de suite du monstrueux "Sgt. Pepper's...", à l'ombre duquel il est difficile de s'affirmer tant le symbolisme musical de ce dernier est fort.
Ou peut-être tout simplement parce que j'avais de la merde dans les oreilles !
En effet, la cohérence est ici reléguée au second plan. Contrairement à l'album précédent dont les transitions entre les morceaux firent l'objet d'un travail assidu, les chansons de MMT (tirées aussi bien d'une BO que des différents singles) sont un peu balancées à l'arrache, séparées par de bons vieux fade-out rendant les choses plus simples.
L'idée d'une suite "forcément moins bien" s'estompe néanmoins grâce à la qualité des morceaux qui sont, avouons le, des perles du répertoire des fab. "Strawberries Field..." et "Penny Lane" (toutes deux composées dès le tout début des séances pour "Sgt. Pepper's...") marque déjà le début de l'indépendance artistique des deux membres du tandem Lennon/McCartney. "I am the Walrus" aurait pu figurer dans "Pepper" mais peut-être n'aurait-il alors pas été aussi remarqué.
Magical Mystery Tour est donc clairement une suite à "Sgt Pepper's...", non pas pour sa cohérence, mais principalement pour cette espèce de furie créatrice dont il résulte tout autant.
Cette créativité, portée par l'insouciance, l'envie de repousser les limites techniques, l'année 1967 et son "Summer of Love" saupoudré d'acide et de psychédélisme, a engendré non pas la naissance du simple mais du double album officieux d'un groupe au sommet de son art.
À ne pas confondre donc avec le double album officiel (The Beatles) qui, malgré une palette de morceaux merveilleusement éclectiques, fut écrit et composé par 4 type ne pouvant plus s'encadrer.