En 2006, Pharell sort son premier album studio, « In My Mind », le single « Can I Have it Like That » fait le Coming Next du Grand Journal, la promo est aussi mégalo que l'était le producteur à l'époque (suffit de s'attarder sur ses paroles). Bref, l'album est un échec, moqué par les critiques et renié même aujourd'hui par l'interprète d' « Happy ». La même année pourtant, son collègue Chad travaille avec un de leur ami, Kenna, sur ce qui est pour moi encore aujourd'hui la meilleure production estampillée Neptunes : « Make Sure They See My Face ».

Celui-ci sort en 2007, la même année que « Red Carpet Massacre » des Duran Duran produit par Timbaland et Danja. Et bon dieu que celui-ci semble paresseux en comparaison ! Pourtant, on retrouve souvent un style mélodique similaire. Mais il n y a pas la prod' léchée, mix entre acoustique et électronique, Rock et Hiphop, dont nous ont habitué les Neptunes, définitivement d'une autre planète. Non, pour une fois Timbo, tu aurais du laisser ta place à Chad.


Avant « Make Sure They See My Face », le duo avait déjà sévi en 2003 avec « New Sacred Cow », et c'était déjà très bon. Je trouve le travail sur le beat ahurissant, plein de syncopes, de breaks impromptus ; on ne s'y attendrait ni dans le Rock (trop mécanique), ni dans le Hiphop (trop changeant). Des instrus comme celles de « Redman » et « Hell Bent » sont folles, étrangement curieuses, en dépit de composition vocales moins mémorables. D'ailleurs, quel ennui quand ils délaissent le beat (sur « Yeneh Ababa », « War in Me », j'en passe...). Malgré cela ressortent des tubes qui n'auraient pas dénoté dans le top 50 de l'époque - « Vexed and Glorious » en tête – et qui inspireront sans surprise Timbaland pour ses productions avec Nelly Furtado et Justin Timberlake.


« Make Sure They See My Face » est l'aboutissement de ces premiers travaux, étrange mélange entre New Wave et RN'B. Les fans du « Future Sex/Love Sounds » devraient y trouver leur compte (« Loose Wires » en est un pastiche). On entend même du Radiohead sur « Better Wise Up ». C'est un album d'influences fleuve, où l'on est constamment surpris des différents eaux qu'ils explorent. Et Kenna adapte toujours son interprétation à merveille. J'aurais adoré le découvrir à l'époque et l'écouter en boucle sur mon I-Pod Nano. Les beats sont toujours aussi fous, mais avec une belle maîtrise de ses expérimentaux arrangements, des restes électriques de claviers ou de guitare, des chœurs mêmes, conférant une envie et générosité Pop plus que rarement égalé par la suite chez les Neptunes. Mes préférés dans le lot : « Sun Red Sky Blue » et « Phantom Always » (mais seulement si vous êtes amoureux aussi des Duran Duran). De toute façon, il vous suffira d'envoyer le premier morceau, ce mystérieux « Daylight » pour être conquis et continuer le voyage.


Les années 2000 donc, je ne dirais pas que c'est la meilleure période puisque c'est celle où j'ai acquis mes goûts musicaux, ce serait trop simple. Par contre, quelle joie de tomber encore sur ce genre de pépites qui raviveront les meilleures souvenirs pour les gens de ma génération, le son de notre époque. Mais qui devrait plaire aussi à tout amateur de Pop de goût.

Strangeman57
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le 24 sept. 2024

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