Cinéma musical
Alors voilà, c’est à partir de ce moment-là que Dire Straits devient vraiment un grand groupe à mon sens. Le moment où ils quittent petit à petit leur ambiance rock de bar tout droit inspiré du blues...
le 15 mars 2020
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Alors voilà, c’est à partir de ce moment-là que Dire Straits devient vraiment un grand groupe à mon sens. Le moment où ils quittent petit à petit leur ambiance rock de bar tout droit inspiré du blues des 50’s pour aller fouiller ailleurs leurs inspirations. Enfin, quand je dis « eux », je veux plutôt parler de Mark Knopfler. Et oui, encore plus maintenant, il est véritablement le patron de Dire Straits, à tel point que son frangin quitte le groupe durant les sessions de Making Movies. Dire Straits devient alors un trio, mais plus pour longtemps. Car c’est à partir de maintenant que Knopfler va se lâcher et inviter tout un tas de monde pour enrichir son univers musical.
Si officiellement, Dire Straits n’est plus qu’un trio composé de Mark Knopfler à la lead guitar et au chant, John Illsey à la basse et Pick Withers à la batterie (qui pense aussi un peu à se barrer), on commence à voir dans les crédits, quelques musiciens complémentaires, chose complètement absente des albums précédents. Sid McGinnis, bien que pas crédité, complète les rythmiques de David Knopfler. Mais le véritable changement vient avec l’apparition de Roy Bittan (qui sera très vite remplacé par Alan Clark) aux claviers.
Et pour moi, c’est l’apparition de ces claviers qui vient chambouler les compositions de Knopfler (que je peux maintenant appeler par son nom sans le confondre avec son frère, comme quoi, le départ de David n’a apporté que du bon). Les partitions de piano viennent offrir un accompagnement idéal au style de Knopfler, ce sera encore plus le cas dans l’album suivant Love Over Gold, mais Making Movies est déjà un très bel exemple.
Il suffit d'écouter l’introduction de Making Movies pour comprendre qu’on a franchit un cap dans la carrière de Dire Straits. Tunnel of Love est très certainement un de mes morceaux préférés du groupe, dans mon podium (et dieu sait que Knopfler a écrit de ces perles). Tunnel of Love démarre par une longue introduction au clavier pour faire ensuite apparaître un par un la batterie, la basse, et enfin la guitare de Knopfler. Et c’est déjà une nette différence avec les deux précédents albums qui s’ouvraient par la guitare de Knopfler seule puis l’arrivé simultanée des autres instruments. Cette montée en progression dès l’introduction de Tunnel of Love me fait constamment entrer dans l’album en un rien de temps. C’est simple, direct, bien construit et pendant huit minutes de pur bonheur, les Straits assènent l’auditeur d’une construction bien plus imaginative et de deux solos juste monumentaux. Tunnel of Love a droit à deux refrains, des envolées lyriques de toute beauté, un texte aux p’tits oignons (je reviendrai dessus), un solo final tout bonnement parfait, laissant chaque note délivrer sa beauté tout en combinant une technique irréprochable et un rythme endiablée. Mais surtout, Tunnel of Love s’achève par l’outro la plus parfaite que j’ai pu entendre avec ce piano endiablé répondant à la guitare de Knopfler (chose que l’on retrouvera encore une fois dans Love Over Gold). Le temps de finir par un élégant fade out et vous avez ce que j’appelle un véritable tour de force.
Comment ne pas être submergé quand on ouvre un album d’une aussi belle manière. Par un morceau qui surpasse de loin tout ce que Knopfler avait pu composer jusque-là (si si, bien meilleur que Sultans of Swing). Et pourtant, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Car Knopfler à peine a-t-il fini son grandiose Tunnel of Love qu’il enchaîne sur l’une des balades romantiques les plus sensuelles que j’ai pu entendre (un Something des Beatles sur 20). Cette ballade qui sera l’un des plus grands succès du groupe, c’est Romeo and Juliet. Là encore, le piano offre un accompagnement de choix au style de Knopfler et c’est avec ce morceau qu’on peut véritablement se rendre compte de la qualité de sa voix. Mark Knopfler n’a peut-être pas la plus belle des voix, certains pourront la trouver vraiment désagréable, mais moi, je la trouve exquise. Le style de Knopfler, c’est le chanter/parler, on ne peut pas dire qu’il envoie du lourd, mais dans son style, sa voix est totalement appropriée, et on s’étonne parfois de regretter son timbre si unique quand on écoute des reprises. Ici donc, le chant de Knopfler est d’une beauté ahurissante dans le contexte qu’offre tous les instruments ensemble.
Enfin voilà, je ne vais pas m’amuser à analyser tous les morceaux suivants, bien qu’ils soient tous de qualité (même Les Boys, certes, moins marquant, demeure un très bon morceau). Non, maintenant, j’aimerai m’attarder sur un autre aspect que je n’avais jusque-là, pas vraiment abordé dans mes critiques du groupe, à savoir le texte.
A partir de Making Movies, je trouve les textes beaucoup plus marquants. Knopfler se met à raconter de véritables histoires dans ses chansons. De la rencontre imprévisible dans le tunnel de l’amour avec une jolie dame, à la complainte de Roméo et Juliet ne sachant plus où ils en sont de leur amour. Bref, les autres morceaux sont eux aussi sur le ton de l’amour, thème qui curieusement, ne reviendra qu’à quelques occasions dans la disco du groupe (préférant s’attarder sur des sujets un peu plus lourds on verra par la suite).
Bon, au final, je me rends compte que j’ai surtout parlé des deux premiers morceaux, pas vraiment des autres, et pourtant, ils sont vraiment tous bons, mais évidemment moins marquants que l’envoûtant Romeo and Juliet et le monumental Tunnel of Love (bordel ce morceau).
Mais voilà, Making Movies, c’est l’album où ça devient vraiment intéressant, où on sent une véritable inspiration dans les compositions et les textes de Knopfler. Ajoutez à cela son éternel jeu de guitare inimitable, le piano qui offre un vent de fraîcheur et la batterie de Pick Withers toujours aussi géniale et vous avez un album plus qu'excellent. Je n’irai peut-être pas me risquer à crier au chef d’œuvre, mais avec Making Movies, on est pas loin. Qui l’eut cru que derrière la pochette la plus dégueulasse de Dire Straits, se cachait leur plus beau joyau ?
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le 15 mars 2020
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