Qu'est-ce que le Ros-mani ?

Quand un tromboniste de Free Jazz américain rencontre un griot malien, virtuose de la kora.

Une collaboration ni fortuite, ni nouvelle dans la mesure ou Roswell Rudd est loin d’être le premier musicien de ce style à effectuer ce genre de pèlerinage. Le Jazz nous a déjà emmené de par le monde au moyen d'albums magnifiques des collaborations de Lester Bowie et Fela Kuti, Coltrane et Ravi Shankar aux sons imprégnés d'Afrique de l'Ouest d'Art Blakey ou de Manu Dibango. Malicool se démarque de ces disques par sa dimension ethnomusicologique et la volonté de faire découvrir au plus grand nombre la musique de Toumani Diabaté et non de nourrir la créativité des deux protagonistes.

Roswell Rudd et Toumani Diabaté semblent chacun s’essayer à la musique de l’autre et c’est bien ce que le griot souligne en qualifiant cet album de « rencontre ». Le jazzman, fidèle à lui-même, apporte avec lui standards et arrangements classiques et s’il s’avère s’épanouir dans son improvisation, la musique se rapproche plus d’un jazz cool nouvellement orchestré qu’une véritable passerelle entre jazz et musique traditionnelle malienne.

Il est cependant intéressant de voir les bribes d’interprétation de chacuns des partis, certains des musiciens maliens trouvant leur bonheur dans la blue note, certains se cloisonnant, à tord ou à raison, à leurs valeurs culturelles et Roswell Rudd multipliant les signifyings.

L’album reste tout de même une charmante expérience et défend le mérite de nous faire voyager.