Comment se renouveler et offrir à son public un contenu toujours aussi inspiré et inspirant près de 11 ans après la sortie du premier opus de Man On The Moon qui avait à cette époque donné un certain coup de pied dans la fourmilière et inspiré Kanye West pour "808s and Heartbreak". Ici, il sera plutôt facile d'aborder le fait que Kid Cudi ait été influencé par le travail de Travis Scott, amusant lorsqu'on sait que ce dernier a été également influencé par la musique de Kid Cudi, joli renvoi d'ascenseur.
La première approche que l'on peut tirer de ce projet est sa réussite puisqu'en effet, il arrive à offrir un mélange audacieux entre les thèses et l'approche personnelle de Kid Cudi dans les thèmes qu'il aborde tout en se frottant à des instrumentales contemporaines qui ne dénaturent en aucune façon son style particulier. On retrouve en effet dans une grande partie des morceaux de cet album, des échos à ses précédents projets mais ceux-ci peuvent se targuer fièrement de ne souffrir d'un effet de réchauffé.
Kid Cudi s'est entouré pour la production afin de garantir cette touche singulière, de ses fidèles à savoir Dot Da Genius, Emile Haynie ou encore Plain Plat ce qui permet d'assurer une cohérence artistique ainsi que de nouveaux venus tels que Take a Daytrip, ayant produit la collaboration avec Travis Scott (The Scotts) ou encore pèle mêle Lil Nas X, Juice Wrld, Big Sean
Ainsi cet album permet une intéressante conjonction entre le style personnel des deux premiers opus de Man on The Moon tout en renouvelant l'approche musicale en s'inspirant de la nouvelle garde.
Les morceaux ayant retenu mon attention "She Knows This" avec une petite démonstration de kick, Heaven On Earth, Mr Solo Dolo III qui répond parfaitement aux deux précédents volumes de la trilogie ou encore Elsie's baby Boy, The Void... De façon globale, il n'y aucune coquille dans un projet pourtant long de 18 morceaux d'une durée de 58min, point admirable mais rien de surprenant, Kid Cudi a toujours aimé offrir des projets denses indépendamment de velléités de statistiques streaming.
Les collaborations tiennent bien leur rang avec Skepta et le regretté Pop Smoke qui s'immiscent parfaitement avec leur banger dans l'univers contemplatif. C'est d'ailleurs un point positif que Kid Cudi ait choisi seulement 3 featuring sur un projet de 18 titres, tant il assure ainsi une cohérence qualitative et quantitative.
Kid Cudi réussit donc avec cet opus un tour de force puisqu'il se permet de renouveler son approche musicale en s'inspirant de ceux qu'il a lui même inspiré durant ces dix dernières années (Coucou Travis), tout en gardant une empreinte caractéristique de son style, à savoir une certaine vulnérabilité non dissimulée. C'est cet ADN de Kid Cudi qui permet ainsi à celui-ci de perdurer près d'une décennie après ses débuts puisque force est de constater que les projets s'enchainent sans perdre une once de sincérité dans l'approche.
Il serait même tenté de déclarer que cet album constitue probablement l'un de ses meilleurs projets depuis ces dernières années et constitue un renouvellement appréciable depuis "Passion, Pain & Demon Slayin" !