En découvrant à rebours les œuvres phonographiques de Kælan Mikla (le nom du groupe vient de celui d'un personnage des aventures de Moumine le troll, d'après l'œuvre de Tove Jansson), Mánadans tranche nettement avec ce que l'éventuel nouveau fan pourrait connaître seulement de ce que les Islandaises ont réalisé plus récemment. Le clavier est absent, Sólveig Matthildur utilisant une batterie, instrument sur lequel elle jouait avant d'opter sur le synthétiseur dans le choix de sonorités plus froides par la suite.
Tout l'album, sorti après le premier sans titre de 2016, qui contient les enregistrements antérieurs datant d'entre les années 2013 et 2014, est habité par le chant hurlé de Laufey Soffía et par le son lourd de la basse de Margrét Rósa à faire remuer une mer de tignasses gothiques dans un concert aux effluves plus punk ("Lítil Dýr", "Næturdætur", "Ástarljóð").
Au départ, si on n'a pas suivi Kælan Mikla depuis le début, ça peut surprendre avant de se rendre compte que l'on se laisse volontiers être gagné par l'ambiance cold wave/post punk variant entre grondements tempétueux et accalmies épurées ou éthérées ensorcelantes ("Mánadans", "Umskiptingur"). Des cris coléreux enfantins émis par les cordes vocales de la chanteuse, on finit au bout par s'en accommoder. On découvre également le beau timbre de voix de l'actuelle claviériste, de bon chœur accompagnant ("Ætli Það Sé Óhollt Að Láta Sig Dreyma").
On se sent vite conquis par les huit compositions de ces jeunes sorcières nordiques, plus deux titres en bonus d'une édition de 2019 comprenant une version live de 2015 de "Kalt", cette petite cousine norroise de "Cold" de The Cure.
Mánadans finit par devenir addictif au bout d'une paire d'écoutes.