Map of the Past
6.6
Map of the Past

Album de It Bites (2012)

A réserver aux plus tendres d'entre nous

It Bites est un groupe miraculé, qui s'était taillé une belle part dans le gâteau du néo-prog britannique à la fin des années 80 avant de disparaître à jamais. Jusqu'à sa résurrection inattendue en 2008, avec l'excellent The Tall Ships. Cette fois, il n'aura pas fallu attendre 19 ans pour avoir le plaisir d'écouter leur nouvelle livraison. En même temps, je dis ça mais je ne sais pas vraiment si quelqu'un avait attendu la dernière fois. Pourtant ça avait bien cartonné It Bites, trois albums, un tube, et puis pschitt, comme dirait l'autre. Clapotis.


Ne nous attardons pas sur la genèse du groupe, parlons plutôt de sa musique. It Bites pratique un néo-prog orienté hard-pop, avec quelques touches discrètes de classicisme bon teint. Et là, vous n'avez rien pigé ? Moi non plus, à vrai dire. Allons-y gaiement.


Map Of The Past est un album sincère, honnête, qui mérite une bonne note, et qui contient même quelques grands moments. Le son, bien sûr, est complètement daté, mais pas daté seventies comme la plupart des albums de prog moderne, mais plutôt daté début nineties. En l'occurrence, il s'agit du son John Mitchell, guitare et chant, et membre d'Arena. Cette filiation va avoir toute son importance: prenez le meilleur d'Arena, à savoir les bons morceaux pas trop longs (Bedlam Fayre et Smoke & Mirrors sur Pepper's Ghost en 2005, par exemple), vous y ajoutez une touche plus mélancolique issue des années 80 et vous mélangez le tout en saupoudrant de paillettes pop, vous obtenez It Bites version 21ème siècle. Du hard, de la pop, des bonnes chansons, des beaux solos, des ballades et quelques passages compliqués quand même, mais pas trop, on est plus en 72 bordel !


Malheureusement, que ce soit parce que l'on a déjà entendu presque le même album en 2008 et qu'il était mieux, ou parce que celui-ci est un peu moins bien travaillé, avec des morceaux moins frais et entraînants, bref, ça marche un peu moins bien. Trop de ballades par exemple, trop de moments langoureux tels Man In The Photograph (catastrophique choix pour un morceau d'ouverture), Map Of The Past, Clocks ou encore The Last Escape. Et pas assez de riffs rythmés comme dans les excellents Wallflower, Flag ou encore Cartoon Graveyard. C'est là que le talent du groupe se révèle vraiment, le tissage d'une pop-song sur une base plus agressive que du Coldplay, presque AOR par moments. C'est sûr que de là à qualifier It Bites de « Metal », il y a comme un pas, un grand. Mais « prog » il en a gardé des traces, dans le surprenant et intéressant Send No Flowers, ainsi que le plus traditionnel Meadow And The Stream. Et bien sûr, souvent, un petit son de Hammond, un petit solo de guitare vient nous le rappeler, mais rien à voir avec les immenses hommages que sont des albums entiers réalisés par Roine Stolt, même s'ils sont excellents.


Cet album est donc à réserver aux plus tendres d'entre nous, à ceux qui ont aimé Mike And The Mechanics ou Calling All Stations, et surtout aux fans d'Arena. Un bon album mais sans plus, l'essai magnifique de 2008 n'aura pas été transformé. Mais on peut espérer qu'It Bites, cette fois, saura malgré un patronyme ridicule (« nom de merde » marche aussi) passer en douceur le cap du troisième album de sa deuxième vie, son sixième en tout si vous me suivez toujours. A suivre, donc !

Silvergm
7
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Créée

le 19 déc. 2017

Critique lue 64 fois

Silvergm

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