Funeral Mist est le groupe suédois dirigé par "Arioch" qui est également le dernier chanteur en date au sein du groupe "Marduk" et encore connu aussi dans "Triumphator" par ses vocaux d'une intensité rare.
Seulement 3 demos, 1 EP ainsi qu'un album engendré en 2003 jalonnaient la discographie du groupe jusqu'à l'apparition de ce "Maranatha" en 2009 après un silence de 6 années, véritable oeuvre au concept fouillé et riche qui a valu cette longue attente.
La pochette au teint sépia rend une atmosphère poussiéreuse et poisseuse. On y aperçoit ce qui semble être l'entrejambe putréfiée d'une femme sur la partie gauche ainsi qu'un ange à droite muni des instruments de musique qui conféreront l'atmosphère religieuse si caractéristique au groupe. On se retrouve donc dans cette ambiance blasphématoire qui a fait la force du groupe jusqu'à présent.
Tout commence avec "Sword of Faith" qui débute sur un sample monstrueux mêlant les bruits de succion d'une créature se réveillant aux déclamations térrifiées d'un ingénu personnage ayant été un peu trop curieux, ce qui semble être tiré d'un film d'horreur/fantastique à la sauce "Lovecraft".
D'emblée, on se rend compte que rien n'a changé par rapport à "Salvation" si ce n'est la voix qui est un peu plus mise en avant. Cette dernière reste toujours aussi unique dans le genre du Black Metal. Elle n'est absolument pas criarde ni aigüe mais plutôt puissante et rauque, se terminant quelquefois en des sifflements de serpent qui rivaliseraient de corruption avec ceux d'Alice Cooper sur "Steven" de l'album "Welcome to my Nightmare".
La batterie demeure toujours aussi clinique est froide que par le passé. Au final, le titre n'est pas mémorable mais fait office d'une bonne introduction à l'album.
Le disque continue avec "White Stone", titre lent et glauque. D'abord la batterie est étouffante et la voix d'Arioch désincarnée. Le rythme est d'une lenteur digne du déplacement d'un Shoggoth avant de s'envoler vers un paroxysme d'horreur qui vicieusement, ralentit puis s'arrête aussitôt au moment de l'atteindre, laissant l'auditeur palper un épouvantable vide des plus malsains.
La folie créatrice d'Arioch se fait largement ressentir sur "Jesus Saves" par ses gargouillements et hurlements blasphématoires sur ce titre ironique. Le mid-tempo commençant vers le début de la seconde minute m'a toutefois agréablement rappelé le titre "Carving a giant" du groupe "Gorgoroth" par son martèlement rituel. La chanson s'achève sur les plaintes d'Arioch, hurlant le titre de la chanson. Ces dernières sont entrecoupées d'un riff qui explose tel de la dynamite en plein lieu sacré. Pour terminer, un long morceau instrumental clôture magistralement le titre.
Les choeurs religieux ne sont pas jetés à la poubelle sur ce dernier album comme le prouve "A new light". Ils semblent d'ailleurs plus judicieusement utilisés.
"Blessed Curse" est la chanson la plus mémorable. Celle dont le riff m'est resté encore 2 semaines après l'écoute du titre. C'est un track d'une grande ingéniosité mêlant les cris d'un dément prophétisant la destruction du monde aux sons malsains et prolongés émis par Arioch.
"Living temples" est également l'un des meilleurs titres de l'album. Le tout ne se compose que d'un rythme frénétique dont on ne perçoit que la haine. Cette chanson deviendrait vite fatiguante si les choeurs rédempteurs de cette folie dévastatrice n'auraient pas fait leur apparition au milieu du track. L'intervention de ces derniers est presque émouvante par l'atmosphère triste et nostalgique qu'ils dégagent.
L'avant dernière chanson "Anathema maranatha" est des plus classiques et reste typique de ce que le groupe a produit jusqu'à présent. Elle reste toutefois particulière et orginale grâce à son riff vomitif apparaissant au milieu de la chanson ainsi que par sa fin consistant en ce qui semble être des accusations et malédictions à l'égard d'on sait qui.
"Anti-flesh nimbus" est le track final caractérisé par ses choeurs qui en font un titre facile d'accès mais d'une grande qualité. Il s'achève sur une marche impériale ferme et déterminée qui termine l'album dans les règles de l'art.
J'en conclus que cet album est sûrement la meilleure réalisation de 2009. Il constitue un travail de grande qualité au concept léché qui ne laisse pas indifférent. La plupart des riffs se conserveront sûrement en un souvenir inaltérable et justifient largement l'achat de l'album. Espérons que la prochaine réalisation d'Arioch sera d'aussi bonne facture.