Marbles
7.7
Marbles

Album de Marillion (2004)

Oyé ! Oyé ! Voici venir l'objet de toutes les attentes ! Espoirs et craintes se sont conjugués au conditionnel. Bien avant sa sortie, "Marbles" fît couler une encre enflammée, confronté aux pires rumeurs, rabaissé au crypto-scandaleux système d'auto-production mercantile du groupe.

La sortie conjointe d'une version simple et tronquée pour le grand public, puis d'une version double, idéalement conçue par les musiciens et publiée uniquement via leur site Internet n'arrangeait rien à l'affaire. ENORME !

A bras raccourcis - la presse spécialisée préfèrera s'empourprer sur un débat d'intérêt privé. Rasé de près - Marillion au pilori ! Au pinacle ! A chacun son camp et basta !

Retour sur les lieux du crime. La vision artistique voit double, adoptons cette position retranchée. De côté, les considérations morales ou éthiques sur un système discutable.

Perdre la boule - jouer aux billes. Deux interprétations de ces "Marbles" dispersées au gré de 15 fleurons étincelants : concept album pas vraiment alambiqué mais bercé d'une noirceur à fleur de peau.

"Invisible Man" marque la conjugaison syncopée entre Trewavas et Mosley. Epuré à l'extrême sur des tessitures électroniques inquiètes et tranquilles, son crescendo final nous régale d'un Steve Hogarth à l'indéniable finesse vocale. Du grand art, sur un plateau brûlant. Incandescent.

Tout semble à sa place. Le travail de maturation des années 90 enfin abouti. Du culot mais aussi de la conviction dans cette métamorphose. Un vrai miracle baigné de nouvelles influences.

Sensations fortes et immédiates : les premiers singles très pop "You're Gone" et "Don't Hurt Yourself" nous offrent une jolie touche d'humanité. Pas si béats. Furieusement vivants.

Les envolées lyriques emportent "Drilling Holes" (très Beatles) et "Fantastic Place" - le romantisme de "Genie" et "Angelina" atteint une sérénité d'une sensualité inhabituelle. Mélodies douces amères et jamais mièvres, le programme est encadré par notre panoplie de billes dispersées au gré du vent. Petits poèmes mis en musique, à la concision fraîche et sans prétention. La grande classe !

Les amants de la musique sauront flâner parmi les 18 minutes de "Ocean Cloud". Bercé d'une tension jamais déprimante, Hogarth se fait tour à tour plaintif et fantomatique puisant dans l'esprit Morrison ses excès indomptés de témoin de douleurs. Véritable magma wagnérien, passionné et spiral. Une beauté vibrante. Aveuglante.

Porteur d'une passion de vivre et d'interrogations, le nouveau Marillion termine avec "Neverland", sommet haut perché qui impose le retour de la guitare élégiaque signée Steve Rothery. Emouvant.

Bardé d'une production en béton armé, "Marbles" synthétise le meilleur de la formation. "Afraid of Sunlight", "This Strange Engine" et "Anoraknophobia" en concentré. Un disque rare, évidemment classique, qui tient la dragée haute à tous les petits jeunes (Air, Radiohead, Muse et consorts) sans pour cela œuvrer dans le putassier.

Oublions les querelles inutiles. "Marbles" est un album simple et passionnant touchant l'âme et le cœur. Une pépite intemporelle qui flirte avec la perfection.

http://www.amarokprog.net/critiques_903_5863.html
AmarokMag
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le 14 janv. 2012

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