Hecq est versatile. Après une période IDM en demi teinte à mon avis (Horror Vacui et Conversions), le voilà reparti dans les contrés de l'ambient pur, renouant avec certaines de ses racines (Night Falls pour ne pas le citer, de loin mon album préféré du bonhomme).
4 pistes, toutes approchant les 20 minutes, nous font rentrer dans un univers obscur et inquiétant.
Comme Marc Poteaux a déjà bien expliqué dans sa critique quel a été le processus de création de l'album, je ne vais pas m'y attarder. Parce que ce qui me semble intéressant, par delà l'aspect technique de sa création, c'est ce que m'évoque cet album.
Mare Nostrum, avant d'être le nom d'un super ordinateur, est en fait le nom que les Romains donnaient à la Méditerranée, littéralement "Notre Mer". Et c'est là que les choses deviennent intéressantes. L'album me fait penser à la mer. Pas la Méditerranée en particulier, mais à une étendue d'eau, sans fin, sur laquelle les éléments se déchaînent monstrueusement.
La piste 3, ma préféré, illustre parfaitement cette sensation. Les layers du dessus (la myriade de petits glitchs qui parcourent le morceau), imprévisibles et sans cesse en mouvement, illustrent le vent de la tempête. Derrière eux, quelque chose de profond et sombre se cache. Comme un gigantesque mur fantomatique, lent, dévastateur, et inévitable. C'est la mer. Ce sont les layers de fond, qui forment un drone hanté et qui occupe tout l'espace sonore de l'arrière plan, qui la symbolise. Ces derniers se rapprochent, s'épaississent, se métamorphosent lentement tout au long du morceau, symbolisant à merveille la puissance et l'aspect imprévisible de l'océan. Vers le milieu du morceau, la tempete fait rage. La superposition des deux couches donne un effet dévastateur au morceau. Puis, lentement, les glitchs se calment, finissent par disparaitre, pour ne laisser place, à la fin du mocreau, qu'à un drone planant. La tempête est fini, seul reste la mer, imperturbable.
Il y a comme ça, des morceaux qui nous évoquent des images étonnement précises. Les 3 autres morceaux sont excellent également, les deux premiers m'ayant évoqué des choses similaires au 3ème.
Décidément, Hecq me surprend encore par la diversité des styles qu'il est capable d'aborder et de maîtriser.