Fermez les yeux.
Vous êtes à Casino, c'est samedi après-midi. Il y a du monde. Un peu trop de monde même. Ils s'agitent comme des termites attaquées par un gros tapir déjà obèse***. C'est trop de mouvement pour vous. Vous prenez vos oeufs bios et vos produits simili-carne puis vous dirigez vers la caisse. Il y a la queue. Interminable. Partout des chiards qui chouinent. En début de file une grosse fait chier la caissière car sa réduc sur le nutella n'est pas passée. C'est long. Vous êtes passablement nerveux et ennuyé. Mais il faut prendre son mal en patience. Les gens autour trépignent car eux aussi ils se font chier.
C'est votre tour. La caissière vous dit juste bonjour, ne vous demande pas si vous avez la carte du magasin qui est gratuite ni ne tente d'engager la discussion. Et c'est tant mieux. Elle a l'air d'avoir une grosse vie de merde et tout d'un coup vous commencez à vous sentir mieux. Au fond de vous vous lui êtes reconnaissant pour cette prise de conscience mais aussi car c'est elle qui vous offre le ticket de sortie de cet enfer. Alors vous la gratifier d'un sourire et d'un "merci bonne journée" qui sonne sincère mais qui est forcément un peu ironique.
Dehors le ciel est clair et bleu. Il fait chaud mais juste assez. Pas trop non plus. Votre cerveau se désembrouille. Vous décidez de rentrer à pied parce que c'est doux. Ressentez bien cette sensation d'apaisement. La délivrance est à portée de main. Plus qu'un geste. Vous choppez votre lecteur CD portable et lancez Matahari. Et là vous pouvez rentrer l'esprit tranquille en vous trémoussant légèrement sur les boulevards.
*(le gros tapir c'est bien sûr une métaphore de la pression sociale de SURCONSOMMATION exercée sur nous pauvres mortels lambda par les grands groupes capitalistes... j'aime m'engager et dénoncer dans mes critiques).
Conseil personnalisé : ne pas écouter Balade Fantôme tout seul dans son lit dans le noir sous peine de faire une crise d'angoisse