Rap français et festivals : #etsi le gatekeeping nous avait protégé de l'horrible saison 2022 ?

Avant de vous présenter et expliciter la problématique que je viens tout juste de vous poser tel un scientifique fou, je vous propose une introduction à l'histoire et au concept de pogo. N'étant pas rémunéré et détestant les lobbyistes de l’industrie laitière tels que Martin Vachiéry, je me suis donc permis de tout pomper sur le site checkcheckcheck.be

https://www.checkcheckcheck.be/mais-pourquoi-vous-faites-des-pogos-en-concert-rap/

Le pogo : mais d'où sort ce type ?

Si j’arrive à recopier correctement ce que j’ai lu dans la littérature, il semblerait que le pogo fut inventé en 1976 pendant un concert des Six Pistols par monsieur Sid Vicious, qui deviendra d’ailleurs par la suite le bassiste de ce dit groupe. Une autre version de l’histoire, cette fois-ci donnée par Viv Albertine (membre du groupe The Slits), dirait que ce célèbre mouvement provient de la danse endiablée de Sid Vicious quand il jouait du saxophone (!). Qu’il soit ou non le créateur de ce superbe pas de danse chaloupé, le pogo s’associera assez naturellement par la suite au punk.

Pour le bien de mon audience, je vous épargnerai tout ce qui a suivi dans la scène punk, metal ou rock ainsi que des 25 autres « danses » telles que le body surfing, le stage diving ou le wall of death, pour deux raisons principales :

• Le pogo est maintenant pleinement ancré dans cette scène rap française, mais le reste de ces interactions organiques reste beaucoup plus marginal
• Les lecteurs de senscritique sont trop vieux et prennent encore trop de douches (petit doute sur ce point) pour être intéressés par le reste

Toujours en se référant au superbe article du média belge Check, on se rend compte en 2018, date où l’article a été écrit, qu’il était surtout question d’une sorte de filiation nouvelle entre un certain pan de la scène rap anglophone comportant par exemple Death Grips, $uicideboy$, Ski Mask ou XXXtentacion (j’ai rajouté les deux derniers pour pas plagier totalement) et le punk, le metal, le rock. Bref, toutes les conneries que kiffe Youv Dee.

Le papier étant vieux, il ne mentionne malheureusement que quelques artistes français : Lorenzo, Roméo Elvis ainsi que les artistes qui gravitaient à l’époque autour de Dj Weedim tels que Biffty et le faux Julius. Soit zéro rappeurs si nous sommes un minimum sérieux.

La question que l’on peut se poser est donc la suivante :

Comment en sommes-nous arrivés là, en 2022 et seulement 4 ans après la publication de ce papier ? Pourquoi assistons-nous à ce genre d’abominations ? En pleine crise sanitaire ????

https://twitter.com/VDiscute/status/1541401431164461060

https://twitter.com/Not_Dee_/status/1545478598454378496

https://twitter.com/maathis77_/status/1528699332152774657 (plus grand traumatisme vécu en live pour ma part)

Une enquête sponsorisée par Dour Festival, 8.6 tiède à la main.

Pogo et rap français : mais qui a lancé ce bazar ?

Le rap français du temps de nos darons (IAM) étant totalement hermétique à autre chose que les boucles de violon à la con et le rap de nos grands frères (Nessbeal) étant totalement incapable de faire déplacer les foules aux concerts, j’ai décidé d’étudier le rap français post-2010 afin de comprendre qui était l’instigateur de ce nouveau mouvement.

D’un point de vue biologique, je me dis que l’on a d’abord envie de faire des pogos sur des morceaux qui bougent énormément, des morceaux qui incitent à la guerre, à la bagarre, au combat. J’ai donc regardé si des gens s’amusaient à faire des pogos pendant les concerts de Kaaris sur la période 2013-2015, c’est-à-dire pendant la période Or Noir – Le Bruit de Mon Âme – Double Fuck.

https://youtu.be/3JJ2H8dBWXM

https://youtu.be/W1QWF6v6qUI

https://youtu.be/PrFsm77Tq4w

Pas de pogo à priori, personne ne forme de rond, personne ne saute dans tous les sens. On y retrouve une énergie singulière, pas encore totalement pompée sur d’autres scènes.

De même pour la génération qui a suivie de près, c'est à dire les Gradur, Niska et consorts.

https://youtu.be/wxSASr5OA8M

https://youtu.be/sazBV7EK81w

Ressortant bredouille de cette longue et fastidieuse investigation consistant à copier et coller des liens YouTube, j’ai alors décidé d’émettre une seconde hypothèse : l’année 2017 étant le second âge d’or du rap français selon de nombreux médias (Mehdi Maizi, Raplume, Amin et Hugo), n’est-ce pas là que tout a basculé ?

J’ai alors étudié tous les rappeurs qui ont plus ou moins explosé en 2017, c’est-à-dire les SCH, Nekfeu (bon il a percé avant mais personne écoute encore 1995), Vald, etc.

Ma découverte fut terrifiante :

https://youtu.be/pWBgYi4ayI4

https://youtu.be/83CXJ-P6Yyg?t=269

https://youtu.be/EsG4lLWGQaM

https://youtube.com/shorts/S87TSIOgqdE

On retrouve vraiment beaucoup de vidéos de ce genre et cela nous permet de voir à peu près quand les pogos sont arrivés sur la scène rap. Si des pogos existaient dans les années 90, désolé à tous les grands frères fan de rap que j’aurais vexé. Mais ils détestaient tellement les autres genres de musique qu’ils devraient ne pas trop m’en tenir rigueur.

Si l’on arrive à peu près à situer le début des pogos dans les concerts de rap français mais surtout leur démocratisation, il est en revanche amusant de voir que le lien ténu qui existait entre rap anglophone, punk et pogos a totalement disparu de l’équation du rap français. Bien que le morceau Eurotrap de Vald soit une sorte de pont qui arrive péniblement à faire le lien entre musique électronique, rap et pogo, il est difficile d'établir autre chose que des liens complètement capillotractées concernant le reste.

Un autre lien qui pourrait être fait concerne la pluralité de profils existant au sein des concerts. Explication pour ceux qui n’auraient pas suivi jusque-là : les festivaliers de Dour habituellement fan de techno ou de metal ont peut-être passé un pied dans certaines fosses de rappeurs et lancé des pogos. Peut-être aussi que l’élargissement du public rap explique cette tendance. Peut-être aussi que les nouveaux fans de rap étaient les anciens fans de metal, mais c’est une explication facile et Isha est le seul qui a le droit de dire ça sans passer pour un gros ringard.

Une explication plus farfelue mais que j’aime bien est la suivante : je pense que Vincent Bolloré a très vite compris qu’il pouvait se faire des couilles en or avec le rap français. Il a donc tout manigancé de A à Z pour pouvoir ramener les pogos dans le rap, filmé le tout pour ensuite essayer de diffuser ça sur cnews en forçant Pascal Praud a dire que le rap c’est de la musique de sauvage, preuves à l’appui. Je ne sais pas comment il aurait fait ça, mais c'est plausible à mes yeux.

Les rappeurs ont aussi probablement, de par l’augmentation du nombre de grandes têtes d’affiches présentes en festival, adoptés consciemment ou inconsciemment une façon de gérer les foules similaires à nos amis punks et metalleux. A voir si un procès doit être requis contre ces rappeurs ou si le public doit d’abord être jugé en priorité.

L’an 2022 : les mayas avaient peut-être juste un peu de retard

" Que tout l'monde s'écarte

Je veux voir une arène

Mets-toi sur le té-cô

Mon pote, si tu es pas chaud

C'est l'heure du pogo "

Le 10 juin 2022, Soso Maness, dans son titre L’hymne du pogo, décide alors d’enfoncer le dernier clou. En invoquant Vladimir Cauchemar, le marseillais demande à toute la foule d’effectuer un pogo sur fond de dance music, nous rappelant au passage les terribles épreuves que nous avait envoyé le chevelu Skrillex.

Après deux ans de pandémie s’acharnant sur les festivals, l’été 2022 amorce donc la fin d’une époque, la fin d’un rêve et d’une histoire (non). Tout le monde fait des pogos, tout le temps, sur n’importe quel son, pour n’importe quelle raison. Devenus indispensables pour une partie du rap totalement embourgeoisé et fan de Damso ou Dinos, les pogos sont aussi devenus insupportables pour une autre frange du rap qui a dépassé le vénérable âge de 22 ans et ingérables pour les rares humains qui aimeraient profiter d’un morceau calme sans devoir se farcir le débile sous coke qui lance un 8ème pogo. C’était à peu près ça, les festivals et le rap français cet été.

Le gatekeeping à la rescousse du rap ?

Bien heureusement, les gens commencent à comprendre que quelque chose cloche. Voir des centaines de gens se dandiner sur l’interlude Beretta 92FS de SCH interroge, à juste titre. Voir des individus lancer des pogos sur Logiciel Triste de Laylow perturbe, évidemment. La question que l’on est donc en droit de se poser coule de source : aurait-il fallu gatekeep le rap ces 5 dernières années ? Aurait-il été préférable de ne pas laisser tout le monde écouter ces albums à la con que sont Ipséité et Commando ? Mehdi Maizi aurait-il dû rester chez OKLM au lieu de postuler chez Apple Music ? Si ce gatekeeping avait été efficace et que le rap n’avait pas explosé, alors nous aurions probablement pu échapper aux pogos. Mais les rap étant une musique à la con (https://youtu.be/xST9AmAxLVk), la vérité est que nous nous serions probablement mangés ce truc même si c'était resté confidentiel, surtout quand on prend en compte l’importance du marché américain, rouleau compresseur dur à arrêter. Soft-power ça s'appelle, je crois.

Mais alors, on fait quoi du coup ?

Étant journaliste d’investigation mais aussi grand fan de loteries comme nos amis rappeurs, je me permets de proposer à vous, lecteurs, trois scénarios envisageables afin que le rap français puisse se remettre de la difficile épreuve qui lui a été envoyé, sans pour autant essayer de gatekeeper cette musique. C'est une sorte de petite conclusion pour finir en beauté.

• 1/ Interdire la présence des types torse nus qui portent des bobs Ricard à l’entrée des festivals. En dehors de l’absence total de flow (comprendre : drip) qu’ils ont, je pense que ces individus sont ceux qui initient majoritairement les pogos douteux
• 2/ Interdire définitivement la présence de Vald, Lorenzo, Dinos, Damso, DjaDja et Dinaz, Laylow, JeanJass, Caballero, Ninho, Larry, Orelsan et Nekfeu en festival
• 3/ Interdire le rap tout entier en dehors de H jeunecrack (et winnterzuko si cela se passe bien)

Si tout se passe bien, alors un jour peut-être Laylow pourra de nouveau faire des sons tristes en festival sans que cinquante types essaient de lancer un pogo toutes les deux minutes. Et les fans de metal arrêteront peut-être par la même occasion nous casser les couilles avec leurs « mais c’est pas des vrais pogos ça c’est mou, nous on se casse les jambes en pogo mdrrrr » alors qu’on s’en branle vu que personne écoute encore de metal en 2022.

Mais ce nouvel album de Lomepal, il vaut quoi finalement ? Et quel rapport avec tout ce que tu as écrit ?

Il fallait bien prendre un album au pif pour écrire ce truc et faire des stats.

Mais pourquoi la mise en page de ta critique est aussi dégueulasse ? T'étais bourré quand t'as écrit ce truc ?

Même si la boisson me permettrait probablement d'écrire de nombreux classiques tel le journaliste Yérim Sar, je pense que c'est uniquement dû au nouveau design de merde de senscritique, désolé...

EDIT : Stress Press a sorti un docu sur le pogo deux mois après mon oeuvre écrite phénoménale, vous pouvez le voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=hjvAaLDvam8