Album inaugural d'un long parcours solo avec des hauts (rares, mais notables) et des bas (fréquents, mais jamais vraiment honteux, quoi qu'on en ait pu dire à l'époque), "McCartney" n'est guère reconnu à sa juste valeur... alors qu'il suffit de le réécouter aujourd'hui pour réaliser - avec un indéniable plaisir - combien il reste "frais", vif, combinant, non sans une petite dose de magie purement "beatlesienne", des chansons un peu bâclées mais aux mélodies encore classiques ("That would be something", "Junk", "Teddy Boy", "Maybe I m Amazed") et une ambiance laid back, presque lofi. Dans ce contexte joueur, même les dérives mccartneyiennes typiques (vers la lourdeur ou la niaiserie...) s'intègrent avec bonheur au sein de ce projet "homemade" et bucolique, qu'il est tentant de considérer comme un grand bol d'air frais après le stress des ultimes années Beatles. McCartney a clairement désiré un premier album sans enjeu, comme un pied de nez à la célébrité et aux attentes énormes des fans, et le miracle est que, 45 ans plus tard, cet album s'avère l'une de ces mini-réussites quasi intemporelles qui constituent une sorte d'histoire parallèle - plus intime - de la musique. Bon, rappelons quand même que l'album suivant, "Ram", construit avec plus d'ambition sur des bases similaires, allait s'avérer l'un des tous meilleurs de la discographie des Beatles, ensemble et séparément. [Critique écrite en 2014]