Melancholy
7.6
Melancholy

Album de Shadow of Intent (2019)

Masterpiece by the sons of Master Chief

Moi et le Deathcore, on ne peut pas vraiment dire que c'est une grande histoire d'amour, j'ai toujours eu du mal avec ce style souvent ultra répétitif d'un groupe à un autre où toute l'essence de la musique repose uniquement sur de lourds breakdowns peu inventifs entre deux gros blasts beats, mais toute chose qui existe possède une exception qui confirme la règle, c'est bien connu. Dans le cas du Deathcore pour moi, il s'agit bel et bien de Shadow of Intent, ce jeune combo sorti tout droit du Connecticut a été crée en 2013 par deux gamins de 19-20 ans, fans de la célèbre licence de jeux vidéo Halo, et encore bien trop sous-estimé, en est pourtant déjà à son 3ème album après avoir sorti un Reclaimer très impressionnant de par sa technique, de son originalité et des nombreuses influences Symphonic Black et Melodic Death.


Aujourd'hui la moyenne d'âge des membres du groupe ne dépasse pas les 25 ans et semble déjà pourtant avoir beaucoup évolué , il suffit de jeter un œil à cet artwork sur lequel on peut remarquer que le logo du groupe a radicalement changé et que l'ambiance spatiale ne semble plus être au rendez-vous et semble préférer laisser place à une ambiance plus sombre, plus macabre. Mais qu'en est-il vraiment ?


Et bien, dès le premier morceau, on se rend compte que pas grand chose n'a changé musicalement, si ce n'est que l'introduction de cette piste éponyme laisse présager des arrangements orchestraux bien plus travaillés que par le passé grâce au talentueux Francesco Ferrini qui s'occupe habituellement des orchestrations pour Fleshgod Apocalypse. En général j'ai toujours tendance à penser que les orchestrations surproduites peuvent dénaturer l'âme d'un album, mais dans le cas de ce Melancholy, la recette marche à merveille et renforce l'idée que le groupe s'est probablement inspiré fortement de formations telles que Dimmu Borgir, ce qui se ressent davantage sur Embracing Nocturnal Damnation avec cette voix modifiée au début et sur le refrain du morceau qui rappelle fortement le chant de Shagrath sur ses derniers albums, cette entrée de la batterie avec un simple pattern agrémenté d'une double pédale qui ne cesse d'accélérer avant d'attaquer avec un riff thrashy à souhait qui permet de laisser place à un solo tout en puissance, probablement le morceau le plus rentre-dedans de l'album.


Mise à part toutes ces petites influences éparpillées sur tout l'album, Shadow of Intent fait tout de même du Deathcore, mais à sa manière, les éléments de base sont bien présents, que ça soit les growls sortis tout droit des enfers, ces breakdowns plus lourds que les blagues machistes et racistes de Tonton Roger bourré à la mort aux repas de famille, et du chant clair, qui est souvent pour moi, un gros point noir dans le Deathcore. Dans le cas de Shadow of Intent, ce chant clair sans être incroyable, est loin d'être dérangeant et donne en général davantage de puissances aux refrains de chaque morceaux, hormis dans Chthonic Odyssey qui est sans doute la piste la moins bonne de l'album avec un refrain un peu trop générique à mon goût, mais qui est largement rattrapé par son solo très mélodique et son outro à la guitare acoustique qui apporte un peu de fraîcheur supplémentaire sur cet album.


Par ailleurs, quasiment tout les morceaux possèdent un solo, ce qui est plutôt rare dans le Deathcore, et il y en a à toutes les sauces, tantôt portés sur la mélodie, tantôt poussés dans la technique pure, parfois courts, parfois longs, Chris Wiseman est un excellent guitariste qui parvient à adapter son jeu de guitare sur tout types de riffs, et en particulier sur l'impressionnant The Dreaded Mystic Abyss, piste instrumentale qui est une autre prouesse pour le groupe car il s'agit du morceau le plus long et le plus progressif de l'album, et certainement de toute leur carrière avec ses 10 minutes et 26 secondes intenses du début à la fin en passant par toutes les émotions possibles tout en laissant uniquement les instruments s'exprimer, il s'agit là sans aucun doute de la meilleure piste de l'album.


L'autre petite surprise de l'album s'agit du featuring d'El Famoso Trevor Strnad, frontman emblématique de The Black Dahlia Murder, sur le morceau Barren and Breathless Macrocosm, une apparition certes sympathique, mais plutôt anecdotique car hormis les aigus très poussés de Trevor, il faut avouer que son chant ne diffère que très peu de celui de Ben Duerr qui lui aussi possède une palette vocale plutôt intéressante et variée.


En conclusion, cet album est une très belle surprise, en étant persuadé que le jeune groupe Américain n'arriverait pas à faire mieux que son album précédent, Shadow of Intent a réussi à réitérer l'exploit en sortant un album tout aussi excellent que son petit frère Reclaimer, le tout en totale auto-production et cela me laisser penser que ces petits gars ont encore de longs jours devant eux et qu'ils sont en train de révolutionner ce style encore très récent qu'est le Deathcore en brisant les codes du genre et en apportant une ambiance qui leur est propre, des influences, de la créativité et de l'inventivité qu'il manque à énormément de groupes de cette scène. Je suis persuadé et espère fortement que Shadow of Intent obtiendra un jour la reconnaissance et la notoriété qu'ils méritent sans jamais tomber dans la facilité.

BrutalDread
9
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le 4 sept. 2019

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