Ce nouvel album très attendu sort 3 ans après le fameux "Pure Héroïne" acclamé de toute part et boosté par un single au 650 millions de vues sur Youtube, le bien nommé Royals, ce titre curieux et résolument pop transcendé par un jeune minois de 16 ans en avait surpris plus d'un, laissant une sacré trace dans le monde de la pop! L'age justement entre de manière prépondérante dans son œuvre. Les 16 ans de "Pure Heroine" avec sa naïveté adolescente dans les textes a laissé place à une jeune femme de 20 ans qui aura vécu entre temps une célébrité soudaine forcement déstabilisante mais surtout la première rupture amoureuse de sa vie et comme la plupart d’entre nous ça n'a pas été simple à surmonter.
Lorde a donc décidé de mettre tout ça sur papier et en musique. Il aura pas fallu beaucoup de temps pour que les premières critiques navrantes sur la simplicité du sujet tombent... Tellement simple...
Lorde n'a pas cherché une quelconque facilité dans l'utilisation de ce thème planétaire récurrent qu'est l'amour, on parle ici d'une ado de 16 ans quand sa carrière a explosé et sa vie est allé très vite en l'espace de 3 ans avec cette rupture amoureuse en plein milieu dont les médias se serait délectés si, à la différence de pas mal d'autres Pop-Stars, elle n'avait pas un rattachement à son pays d'origine, la Nouvelle Zelande aussi important. Loin des tumultes de L’Amérique avec ses fans et médias elle a pu se remettre tout doucement de cette épreuve de la vie sur cette ile.
Je prend d'ailleurs un autre exemple en la personne de Bjork. Dites vous bien qu'une artiste comme elle a une vie tout a fait normale en Islande car la population Islandaise respectent sa vie privé et peu de gens l'interpellent dans la rue malgré son statue d’icône nationale! J'insiste la dessus car Je pense que Lorde a aussi cette chance en Nouvelle Zélande et on le ressent dans cet opus qu'est "Melodrama"
"Pure Héroïne" était un excellent album, vraiment! Le vent minimalisme qui avait envahi la production Pop Rock à l'époque (Merci The XX) avait pu mettre en relief l'insouciance et la simplicité de ses textes auquel, tout les gens de son age pouvaient se reconnaître! Pourtant, Il manquait un petit quelque chose à cet opus crée malgré elle par son titre phare Royals. Il représente le syndrome du single qui écrase tout le reste, il a touché "Pure Héroïne" de plein fouet créant un effet d'indifférence sur le reste de l'opus malgré d'autres titres qui se détachaient nettement comme Tennis Court ou A world Alone. Ce "Syndrome" a rendu l'album légèrement inégal et ce petit quelque chose on aurait aussi pu le voir sur "Melodrama" avec le premier single sortie il y a quelques mois Green Light qui a littéralement tout cassé! Hors ce n'est pas la cas vu le contenu de l'opus.
A la différence de Royals qui était un titre au milieu de "Pure Héroïne", Green Light est une introduction à l'album! Ce titre a pour but de poser le thème de l'opus basé sur la souffrance de la rupture et le questionnement de soi en plus de servir d'exutoire pour l'artiste! C'est donc sur une mélodie furieuse porté par un piano et des chœurs au service d'un chant brulant d'une Lorde en colère que l'album s'ouvre. Green Light ne ressemble à aucune autres de ses précédentes musiques et ce changement va se ressentir tout au long de l'opus. Lorde utilise ses 11 titres pour raconter son histoire dans un ordre chronologique, d'abord la passion et la folie de la rencontre pour basculer doucement vers la rupture, la colère, la honte de soi et enfin la remobilisation par le questionnement. La production surprenante de ce disque bénéficie d'abord des textes passionnelles de Lorde! Comme dit plus haut, une énergie flamboyante domine le début de l'opus (Sober, Homemade Dynamite, The Louvre) et c'est à partir de liability que le vase commence a craqueler... Ce titre nous projettent directement dans la rupture à chaud d'une Lorde magnétisante, bien aidé par une production épuré avec un piano et quelques cordes accompagnant un chant doux, au texte brut et dévastateur gorgé d’émotions et de sentiments divers. Le thème n'a certes rien de surprenant mais la maturité mélangé à son insouciance dévoile une artiste qui ne calcule pas! L'émotion doit être intacte et l'auditeur doit le ressentir tout simplement.
Lorde est à cœur ouvert sur ce disque et dans une industrie qui planifie tout, un peu d'innocence ne fait pas de mal!
Je parlais de maturité des textes mais son chant a lui aussi évolué, son timbre de voix a gagné en assurance, on le ressent des le début de l'album avec des accentuations prononcées et des paroles, des fois saccadées (Homemade Dynamite), des moments de puissance pur (Green Light, Perfect Places), d'autres plus intimes (liability, HardFeelings/Loveless) le tout en jonglant avec son timbre de voix pour marquer des textes percutants! Rien à dire Lorde a donné du poids à sa façon de chanter et son empreinte baigne toutes les pistes de l'album.
Un chant et des textes c'est bien mais "Melodrama" ne serait pas ce qu'il est sans une production au service de sa chanteuse.
J'ai parlé d'un minimalisme que l'on retrouve tout le long de cet album ,il est soutenu par une instrumentation qui, à la différence des productions pop courantes, ne rajoute jamais d'artifices superflus! Les mélodies dans l'ensemble Synth-Pop avec une omniprésence du piano accompagne le rythme que Lorde donne au disque. II s'accentue pour embrasser sa folie au début de l'album pour ensuite tout doucement mettre en relief la mélancolie qui la gagne avec le piano et l'arrivée des cordes!
La facture instrumentale de l'album en lui même reste classique mais l'idée de laisser des parties purement mélodiques à la fin de The Louvre ou Supercut permet de prendre du recul sur le titre que l'on vient d’écouter, une respiration astucieuse et agréable.
Le meilleur titre à mon sens de l'album est Sober II car il réuni une instrumentation lourde avec ces long moments de cordes et l'arrivée du chant d'abord innocent de Lorde, devenant par la suite plus brutal et dénonciateur en faisant entrer un beats de Trap donnant une consonance Hip-Hop à la 2eme partie du titre. Encore une fois l’alchimie n'a rien de révolutionnaire mais la qualité de instrumentation au service du chant et inversement donne une profondeur impressionnante à l'opus, la partition est clair et absorbante, une vrai belle réussite technique!
Lorde est une immense artiste qui a trouvé sa voie dans le monde de la pop à travers son insouciance, son charisme, son talent et sa capacité à transmettre des émotions avec une force imparable!
Il est dommage de réduire ce disque à un simple opus pop de plus! Lorde a mis ses tripes dans son œuvre avec une sincérité franche et des mots simples pour créer une émotion instantané auquel tout le monde peut s'accrocher. La chronologie de l'album gomme l'effet inégal qu'il y avait sur Pure Héroïne, ici, elle a voulu raconter son histoire en souhaitant qu'il soit le plus vrai possible dans son déroulement, de ce fait, tout les titres s'enchainent de façon métronomiques sans que l'on décroche un seul instant, bien aidé par une instrumentation qui sait quand se mettre en avant et quand rester en retrait.
Melodrama n'a pas de défaut majeur tant l’alchimie chant/texte/instru fonctionne à merveille!
L'évolution constante de l'univers musical fait oublier aux gens de savoir prendre le temps d’apprécier une œuvre tel quel est dans son instant présent! Melodrama n'a rien renouveler mais il possède une âme et une sincérité puissante tout en offrant une belle qualité artistique sans avoir besoin d'en faire trop, grâce à une production minimaliste travaillé en parfaite osmose avec sa chanteuse!
Melodrama peut devenir l'album de l'année sans problème et pour ma part je retiens sa capacité à nous emporter dans son histoire et l'émotion qu'il transmet à une époque ou tout est trop calculé pour ressentir les choses simplement! Bravo Lorde cet opus est un chef d'oeuvre!