Si, comme l’a écrit Philippe Néricault Destouches (rien à voir avec Louis-Ferdinand), « la critique est aisée, et l’art est difficile », qu’en est-il de l’art de la reprise ?

Le rock, comme la mer, un jour vous prend. On achète des disques, on les écoute, on aime ça, on les réécoute, on adore ça, usw. Certains, plus mordus que les autres et par désir mimétique, passent le pas et se procurent qui une guitare qui quelques fûts. Il faut alors dompter l’instrument, se dégourdir les doigts, s’y faire du cal. Rien de mieux alors que de se re-pencher sur les galettes précédemment citées et de tenter de reproduire ce qu’on y entend, d’où la notion de reprise. En musique comme dans d’autres formes artistiques, on apprend d’abord en copiant ses maîtres aînés. On rejoue leurs chansons. On trouve alors quelques autres mordus monomaniaques, on forme un groupe, on apprend à jouer ensemble et on fait des reprises. On répète. On se trouve un nom bien badass comme par exemple les chiens de talus et on détruit les tympans de ses congénères à la fête de la musique et lors d’autres réjouissances tapageuses. Alors, certains, doté d’un ego un peu plus gros que la moyenne, se piquent d’écrire leurs propres chansons. Mais c’est déjà là une autre histoire.

Les Detroit Cobras sont aux groupes de reprises ce que Sandrine Rousseau est au trollage, c’est-à-dire est un impétrant hors compétition. Les Detroit Cobras sont le super saiyan des groupes de reprises. Oubliez le groupe du samedi soir du Balto, votre troquet préféré, où il n’est qu’une excuse pour aller écluser quelques pintes entre aminches et deux larsens.

Mink Rat or Rabbit dure un poil plus d’une demi-heure, contient 13 pépites rock soul R&B des 50’s et 60’s, oubliées de tous sauf d’eux, pointant en moyenne autour de 2 minutes 30 secondes. Chaque morceau mériterait une sortie en single.

Les Détroit Cobras sont le rock, guitare fuzzée, basse, batterie, tellement tight qu’ils en sont loose comme le dit Chris Handyside, le tout sublimé par la voix de Rachel Nagy, parfaite dans son rôle de frontwoman du combo culte.

Les Detroit Cobras ont tout bon, dans leur nom, dans leurs choix de reprises, dans leurs façons de les reprendre et jusque aux pochettes de leurs album et autres EP, tout est parfait. Les Detroit Cobras sont le groupe idéal pour les bandes originales des films de Quentin Tarentino. Les Detroit Cobras sont la quintessence du cool.

Pour paraphraser un grand philosophe du début du XXIème siècle, Eddy le Quartier pour ne pas le nommer, « ça, c’est du rock. »


Cette critique est dédicacée à Rachel Nagy qui nous a quitté le 14 janvier 2022.

Joe-Penhauer
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