Je suis fan de Blur... Non, correction. Je suis fan de deux de leurs albums : Blur et Parklife, truffés de classiques indémodables et de hits puissants. Alors, quand ce Modern Life is Rubbish a atterri dans mes mains, je piaffais d'impatience à l'idée de l'écouter, afin de goûter d'autres chefs d'oeuvres.
Et bien, comment dire... C'est raté. Mais du genre bien raté. Comme on s'étonne et qu'on se consterne de filer une piteuse au premier de la classe et délégué des élèves de surcroît. On se demande comment son chouchou a pu se trouer à ce point. Et on essaie par tous les moyens d'augmenter la note. En cherchant bien dans les coins, des bribes de réponse à l'interro surprise qu'il n'avait pas vu venir. Et tout d'un coup, on se dit qu'on va flinguer sa moyenne générale. Avec une note qui lui fera rater le tableau d'honneur au conseil de classe. Et on culpabilise.
J'ai beau retourner cet album dans tous les sens, multiplier les écoutes comme le Petit Jésus les pains, on se dit que parfois celui-ci devait sans doute échouer à rendre la vue aux aveugles et l'ouïe aux sourds. Et on finit par constater, dans cette dernière hypothèse, que l'échec a parfois du bon.
Car il aurait mieux fallu que je ne tombasse (?) point sur cet album (mais peut être sur un Bescherelle spécial conjugaison). Au moins ne m'aurais-je point lamenté sur le fait qu'il n'y ait que deux (2 ! Dos ! Two ! Due !) excellentes chansons, et ce sur quatorze pistes (14 ! Fourteen ! ...).
Pire : aussi bons soient-ils, For Tomorrow et Sunday Sunday peinent à cacher le néant et à quel point un des chouchous du prof Behind a pu sécher aux questions de l'interro surprise. Ainsi, par exemple, Pressure on Julian s'avère d'une mollesse incroyable, tant il est dépourvu d'entrain, de force, ou tout simplement d'un air. Sa rythmique semble comme obligée, comme si Blur avait été contraint de la débiter. Aucune aspérité, rien auquel on pourrait se raccrocher. Dur à encaisser...
Si Star Shaped relève un peu le niveau par sa ryhmique plus affirmée, force est de constater que l'air n'est pas trop là et qu'il ne prend pas ses aises dans la mémoire. Oily Water est quant à lui tout simplement informe, tandis que Miss America se traîne pesamment comme une vieille escort girl à la sortie d'un grand hôtel, vendant avec difficulté ses charmes mous et rances. Fatiguée, alanguie, la tête en arrière et présentant un visage portant le poids des ans.
Coping, lui, assène la voix soudainement criarde de Damon Albarn au dessus d'une musique électro insupportable. Après un tel désastre, on se dit que Turn It Up fait le boulot. Sans plus, sans génie. Resigned clôture enfin l'album... Et là, on sombre dans la torpeur : même Albarn semble s'endormir devant le micro tant sa voix est éteinte et monocorde.
Je suis dépité devant l'impensable. Mais il faut se rendre à l'évidence... Deux chansons ! Deux ! Et je m'imagine rendre la copie à cet élève, portant un quatre couleur sang. Avec cette seule interrogation en guise d'observation : Mais que s'est-il passé ???
Rendre des notes pareilles crève parfois le coeur...
Behind_the_Mask, qui envisage un contrôle de rattrapage.