En deux albums, Clara Luciani s’est imposée en tête de gondole de la variété française parvenant jusqu’ici à convaincre critiques comme large public, ce qui en soit est déjà une belle victoire. La recette de ce succès ? Une filiation évidente et assumée à Françoise Hardy, un goût pour les yéyé, le vintage et une capacité à faire des tubes sans ne jamais laisser de côté la qualité musicale. On parle souvent du second disque comme celui de la confirmation mais l’étape du troisième, de « la confirmation de la confirmation », n’est pas plus aisé puisque souvent viennent poindre les premières redites ou au contraire l’évolution pour éviter ce sentiment de déjà-vu.
Luciani n’est d’ailleurs pas seulement à l’un des carrefours de sa carrière mais aussi de sa vie. Devenue maman, c’est avec une métamorphose complète et une vision différente forcément qu’elle aborde ce Mon Sang, plus personnel que jamais. Les thématiques relationnelles sont légions tout du long: son nouveau-né forcément dès le premier single (Tout Pour Moi), sa famille (Ma Mère), la vie amoureuse (Tant Pis, Forget Me Not), amicale (Chagrin D’Ami), la maternité (Interlude). Le catalogue est complet, l’album transpire le journal intime.
Des sujets universels abordés de manière assez simple et dont le style d’écriture ici ne sort clairement pas des sentiers battus. Mais pour une artiste assez pudique, c’est un exercice d’ouverture supplémentaire. Il se dégage quelque chose de l’ordre de la rupture, une ritournelle qui revient inlassablement, cette sensation de changements, de déceptions dans les sentiments, liée très certainement au bouleversement de ses nouvelles priorités.
Ceci étant, on reste sur un disque pensé pour tourner en boucle en radio et télé, faire de la vente et du streaming et à ce petit jeu là, les fans ne seront pas déçus. Derrière les introspections, on retrouve cette même facilité à concevoir des morceaux entêtants ultra efficaces. La liste est longue: Allez, Roule, Courage, Seule, Tant Pis. Ca fait à minima cinq potentiels singles (et pourquoi pas le très pop british Forget Me Not qui conclut le disque) pour assurer la pérennité de l’album.
Toujours en compagnie du très bon Sage, la production se veut soignée, rythmée, avec ce qu’il faut de groove même si le disco-paillettes de Cœur a laissé sa place à une ambiance un peu plus rock et électrique avec même quelques arrangements un peu psyché (un peu, n’exagérons rien) et une orchestration plus grandiloquente pour les moments d’émotions. C’est du film d’auteur avec des moyens de blockbuster et ça se ressent.
Un retour qui assure l’essentiel et qui permet à Clara Luciani de s’imposer encore un peu plus comme un poids lourd actuel.
[Chronique issue de Benzinemag]