Même si ce n'est pas forcément une évidence pour le grand public, quand on écoute les albums de Clara Luciani, il y a une ligne directrice. C'est un peu moins évident dans Sainte Victoire surtout au fil des rééditions, mais pour moi une grosse partie de Sainte Victoire était un album-thérapie suite à une rupture et Cœur traitait de l'amour dans sa globalité, que ce soit à travers les relations amicales, le rapport à la séduction, le fait que les relations toxiques ne sont pas de l'amour, etc. Cet album en particulier m'a vraiment époustouflé et c'est l'un de mes préférés de ces dernières années. Ainsi, à la première écoute de Mon sang, j'ai fait un genre de réaction de rejet.
Clara Luciani a expliqué en long et en large le principe de son album pendant la promo, celle de se présenter à son enfant à travers des chansons qui parlent d'elle et de sa famille. C'est un disque qui a été fait pour lui plaire à elle et un peu moins au public que le précédent, ce qui fait qu'on retrouve un truc beaucoup plus personnel dans l'écriture et les compositions. L'album est donc moins disco, on laisse un peu plus de places aux guitares et aux claviers qu'aux lignes de basse même si elles sont toujours là et il y a pas mal de ballades. De plus, comme c'est un disque qu'elle a écrit en sachant qu'elle allait devenir mère et fraichement mariée au passage, elle n'a pas du tout le même état d'esprit que dans les deux albums précédents où il y avait à la fois cet ode à l'amour et cette envie de partager le fait que ça peut faire mal aussi.
Cependant à la deuxième écoute, tout ça a fini par prendre du sens. J'avais du mal avec Cette vie qui me rappelle un peu trop Le chanteur (de l'album précédent) dans le rythme de la ligne de chant du refrain, Roule a un côté naïf qui peut être un peu embarrassant... Mais elle est tellement sincère dans sa démarche que les différents morceaux ont fini par m'avoir. Romance est une magnifique ballade, Chagrin d'ami est un très beau morceau, Interlude est émouvante avec la voix de son grand-père, Tant pis a un goût de reviens-y, Ma mère a un très beau texte et Forget me not n'est pas le pétard mouillé qu'elle semblait être lorsque j'ai découvert l'album, avec ce refrain assez entêtant.
Ne vous laissez pas avoir par les médias qui vendent ce disque comme un album plus rock, c'est aussi rock que l'était Sainte Victoire en son temps honnêtement. Il y a un peu de guitare saturée sur deux chansons mais c'est pas violent et très influencé par les sonorités du rock britannique d'il y a vingt ans. N'espérez pas non plus ressentir les mêmes émotions qu'avec les deux premiers albums. C'est une nouvelle étape dans sa discographie et j'ai trouvé ça surprenant mais au fil des réécoutes on comprend ce qu'elle a voulu faire.