Critique de Monk’s Dream par Sergent_Pepper
L'un des sommets de la carrière de Monk, jubilatoire et virtuose. Une référence absolue en la matière.
le 1 nov. 2013
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Jazzman singulier, Thelonious Monk dut, contrairement aux autres précurseurs du be-bop, Bird ou Gillespie en tête, attendre la fin des 50's pour obtenir le début d'une véritable reconnaissance publique et critique. Mieux, la nouvelle décennie lui offrira enfin la consécration attendue en le plaçant au panthéon des pianistes. Petit rappel des faits.
1962, Monk rejoint Columbia, label de son ancien comparse et bref sparring-partner musical, Miles Davis, avec lequel il enregistra une unique et mémorable session un 24 décembre 1954 (regroupée sur les deux albums essentiels Miles Davis and the Modern Jazz Giants et Bags' Groove). Détail amusant autour de ces deux illustres jazzmen aux caractères bien trempés, si l'ombrageux trompettiste enregistra pour le label Prestige une première version de 'Round Midnight, Davis intitula néanmoins son premier album pour la major du même nom que le standard de Monk en 1957. Fin de l'aparté.
Enregistré à New-York dans l'illustre Columbia 30th Street Studio les 31 octobre, 1er, 2 et 6 novembre 1962, Monk's Dream synthétise, au sens propre comme au sens figuré, l'art du pianiste. Accompagné de son quartette, le saxophoniste ténor Charlie Rouse, le contrebassiste John Ore et le batteur Frankie Dunlop, Monk profite de ce nouveau contrat, et des nouveaux moyens qui lui sont octroyés, pour graver ce qu'il convient de définir aujourd'hui comme un parfait guide pour quiconque voudrait découvrir l'univers musical passé, présent et futur de ce jazzman d'exception. Dans la grande tradition monkienne, le pianiste va ainsi piocher dans son ancien répertoire, et lui offrir sinon une nouvelle lumière, du moins une interprétation proche de la perfection.
Seule « originalité » concédée, Monk's Dream contient une composition inédite, Bright Mississipi, les autres, on l'aura compris, ayant déjà été joués en public et/ou enregistrés par Monk plusieurs années auparavant. Du classique éponyme aux standards Body and Soul et Sweet and Lovely, en passant par le renommé Blue Bolivar Blues, l'imprévisibilité et le style si particulier du pianiste établissent, si besoin est, le caractère rare de Monk, à une époque où le bop apparaissait dépassé. Au besoin, l'écoute de Just a Gigolo devrait convaincre les derniers indécis.
En attendant 1964 et la couverture du Time Magazine un 28 février, et quelques mois plus tard, It's Monk's Time, un autre incontournable de sa riche discographie.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2015/02/cronico-ristretto-monks-dream.html
Créée
le 20 mars 2015
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