La deuxième moitié de 2013 aura vu la relative émergence d'un nouveau groupe parisien, pourtant créé en 2010, en la présence de Moodoïd, quartet composé de trois filles - dont deux Lucie - et d'un garçon, Pablo (également guitariste de Melody's Echo Chamber). La sortie en septembre d'un premier EP éponyme de quatre titres, quelques articles dans la presse spécialisée et une série de concerts ici et là, notamment au Sonic de Lyon, ont offert à la formation de psyché-pop aux couleurs variées une petite notoriété qui devrait rapidement croître.
De ces quatre titres, tout de même produits et mixés par sieur Kevin Parker (Tame Impala), il faut retenir deux atmosphères, deux teintes musicales majeures. D'un côté celle de l'ouverture planante "Je suis la montagne", accompagnée d'un clip très graphique et coloré, qui baigne dans une pop hypnotique et langoureuse, sorte de boucle cotonneuse et méditative, remarquablement soignée du point de vue de la production et chantée - c'est suffisamment rare pour être remarqué - en français.
Le côté itératif de la mélodie égrenée inlassablement sur un tempo très lent et posé et l'aspect éthéré des voix superposées nous plongent dans un atmosphère relaxante, évidemment très orientaliste - une bonne hybridation de la musique psychédélique - et le texte délicieusement naïf et surréaliste parfait le tout pour une belle entrée en matière et une petite pépite où l'influence de formations récentes comme Tame Impala (toujours eux) se fait bien sentir. L'ambiance reste relativement similaire sur les deux plus longues pistes de l'EP, "La chanson du ciel de diamants" et "Je sais ce que tu es". Deux trips aux constructions un peu plus retorses, où les voix féminines émergent avec plus d'évidence et où le groupe montre quelques aspérités dans son style de composition. Outre les layers d'effets sur les instruments et les nappes de claviers, quelques dissonances, quelques accrocs ou décrochages du plus bel effet viennent perturber le rêve éveillé et la fausse torpeur à laquelle nous fait aspirer la musique.
Et puis il y a le titre phare de l'EP, celui par lequel tout est venu. Le bien nommé "De folie pure", son clip délirant, son pastiche fabuleux de Bollywood, version franchouillarde (camemberts et ananas, bijoux en toc, chorégraphies dans des lieux d'un kitsch très cheap), un peu comme si M.I.A avait fusionné avec François and the Atlas Mountain - drôle d'idée ! La chanson est une torpille, un carnaval rythmé et entraînant, volontiers criard mais le charme est immédiat et la mélodie reste en tête un bon moment.
En bref, un premier EP de très bon augure et qui laisse présager d'excellentes choses à venir de la part de ce groupe. La production est somptueuse, à la fois très rétro et technique (la méthode Tame Impala quoi), les compositions variées et ambitieuses sans pour autant se départir de l'immédiateté pop. Un petit bonheur.
Le clip de "De folie pure" http://youtu.be/adJz7JXRB3k
Le clip de "Je suis la montagne" http://youtu.be/qKvLr3Xwd10