MORE D4TA
Quand MORE D4TA de Moderat est sorti, j’étais curieux de voir ce que donnerait le retour du trio après six ans d’absence. Avec leur précédent album III, ils avaient mis la barre haute, mêlant mélodies accrocheuses et une profondeur émotionnelle qui résonnait vraiment. Alors, découvrir MORE D4TA, conçu dans l’isolement du confinement, a été à la fois un plaisir et un défi.
C’est un album clairement plus introspectif et atmosphérique, ce qui fait écho à son contexte de création. On sent cette réflexion presque méditative sur le trop-plein d’informations, la distance humaine, et le chaos intérieur que cela peut provoquer. Les textures sonores sont soignées, presque cinématographiques, et plongent dans une ambiance qui, par moments, m’a enveloppé comme un cocon. Des morceaux comme EASY PREY ou DRUM GLOW réussissent particulièrement bien à évoquer cet univers feutré et intriguant.
Mais malgré ces qualités indéniables, j’ai parfois ressenti une certaine froideur dans cet album. Là où III ou II me captivaient avec des titres qui pulsaient d’une énergie plus humaine, presque viscérale, MORE D4TA semble plus distant. Peut-être est-ce voulu, pour traduire le thème de l’isolement, mais cela m’a laissé sur ma faim à certains moments.
Ce qui m’a surtout manqué, c’est le chant. Moderat a toujours su jongler entre morceaux instrumentaux et ceux portés par la voix émotive de Sascha Ring. Ici, les morceaux chantés se font rares, et même quand la voix est là, elle reste souvent en retrait, presque cachée derrière les couches de production. Pour moi, cela enlève une partie de ce qui faisait vibrer leurs anciens albums, cette capacité à mêler des beats électroniques sophistiqués à une fragilité profondément humaine.
En somme, j’ai aimé MORE D4TA pour ce qu’il est : un album d’une grande finesse, immersif et intelligent, qui reflète bien une époque troublée. Mais en le réécoutant, j’ai parfois le sentiment qu’il me regarde de loin, comme s’il hésitait à se dévoiler pleinement. Ce n’est pas un mauvais retour, loin de là, mais je ne peux m’empêcher de regretter ce petit supplément d’âme et de chaleur qui faisait la magie des albums précédents.