Morte(s) née(s)
7.5
Morte(s) née(s)

Album de Celeste (2010)

Bande-son d'une apocalypse thermonucléaire

        Qu'est ce qui a changé dans l'esprit de Celeste depuis leur fameux Nihiliste(s) ? Après un Misanthrope(s) peu convaincant, les Lyonnais reviennent en respectant leurs petites habitudes, c'est à dire en nous servant un disque par année : Morte(s) Née(s) est né (haha).

        A peine la lecture débute que l'auditeur se sent immédiatement attiré puis enfermé dans cet espèce d'apocalypse screamo-black-sludge auquel le groupe nous avait déjà habitué. "Ces belles de rêve aux verres embués" est un titre qui débute brutalement, sans aucune introduction, sans aucun tir de sommation, et qui nous arrache directement les oreilles. On avait apprécié la "fluidité" du son de Nihiliste(s), mais Celeste, à l'image du nom de ses albums qui semblent exprimer une certaine progression vers la destruction totale de toute humanité, tape de plus en plus fort, quitte à nous écorcher les tympans.

        Nos amis français, qui chantent toujours dans leur langue maternelle, et cela même si l'on ne comprend pratiquement pas le contenu des paroles, nous gratifient de titres toujours plus alambiqués à l'image du charmant "Il y a biens des porcs que ça ferait bander de t'étouffer" ou du mystérieux "(S)".

        Mais à vouloir en mettre un peu trop dans les oreilles de l'auditeur, celui-ci la bouche grande ouverte devant cette orgie de violence noire, n'y a-t-il pas un seuil du supportable que Celeste à franchi avec cet album, et que Misanthrope(s) laissait présager ?
    Les riffs sont efficaces mais brouillons.
    Les paroles hurlées sont tranchantes mais molestent l'auditeur.
    L'album est bien ficelé, on y ressent une réelle passion à faire de la Musique de la part du groupe, quitte à distribuer leur CD's et leurs vinyles, mais ici on a l'étrange impression que le groupe a essayé d'en faire trop.
On arrive trop vite à la fin de l'album, environ 25mn pour arriver à "De Sorte que Plus Jamais un Instant ne Soit Magique", la dernière piste. Et pourtant, l'album a l'impression de durer une éternité, car on se retrouve face à une ultime brique de 13mn pour clore la petite affaire !

        La Musique se coupe. On se sent à la fois mou, et brassé de toutes parts par la tornade qui vient de nous passer dessus. Puis on écoute quelque chose de plus calme, en se jurant d'être plus humain sur le plan musical. Et le temps passe. Et un jour, on ressent de nouveau l'envie de goûter à ce plaisir noir, de laisser Morte(s) Née(s) nous taper sur le coin de la gueule, car c'est ce que Celeste sait faire de mieux.

        Merci Celeste pour affûter nos pires idées à travers ta Musique délibérément dévastatrice et nihiliste. Mais un peu de confort pour celui qui écoute avec attention serait sympathique.
Yoth
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le 11 déc. 2013

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