Qu'ouis-je ? Le son du bonheur ? C'est Vulfpeck, un groupe de funk originaire du Michigan créé en 2011 qui revient avec Mr Finish Line, un an après le remarqué The Beautiful Game. C'est leur troisième LP, ils ont déjà réalisé quatre EP et un album silencieux. "Un album silencieux ?", me diriez-vous. Oui, pour financer une tournée de concerts gratuits en 2014, ces quatre petits malins ont profité du système de Spotify en demandant à leurs fans de jouer le bien-nommé Sleepify pendant leur sommeil. Au-delà de ça, Vulfpeck, c'est un concentré de vitamine D, garanti sans conservateurs ni arômes artificiels. Ça donne envie de taper en rythme, de gigoter ou bien aussi de ne rien faire du tout sur son canapé.
Mr Finish Line s'ouvre sur Birds Of A Feather, We Rock Together. Ce premier titre annonce un album déjà tourné vers le chant, qui certes a eu de plus en plus sa place au fur et à mesure de la discographie de Vulfpeck mais qui ici sera primordial. Premier titre limite soul où le chant d'Antwaun Stanley porte plus l'instrumentation que l'inverse, là où The Beautiful Game faisait le contraire. Running Away cristallisera aussi cet aspect. Mais Birds Of A Feather est un titre de grande qualité, surtout grâce à la basse cotonneuse toute-puissante de Joe Dart. Personnellement, je ne sais pas siffler et quelle immense frustration face à ce titre d'ouverture si innocent. Baby I Don't Know Oh Oh continue sur cette belle lancée avec cette fois un Charles Jones très joueur au chant, enthousiasmant avec lui tous les membres de Vulfpeck.
Les morceaux instrumentaux comme Tee Time et Vulf Pack sont davantage vécus comme des interludes. Et c'est bien dommage, c'est là qu'on aurait pu juger réellement de la forme des membres de Vulfpeck. Seul Hero Town brûle de cette chaleur si caractéristique.
Quant au morceau Mr Finish Line, il n'est clairement pas le meilleur titre. Une composition un peu facile autour d'une basse et d'une guitare sautillante et même un petit jam électronique final dispensable. Même si la grande bouffée d'air du pré-refrain - "Open up and shine" - en vaut la peine. Et ce titre cristallise bien, douce ironie du morceau éponyme, la relative faiblesse de l'album. Son pont animé par un commentateur de football très british saura tout de même nous tirer un sourire sans difficulté, faisant d'ailleurs écho à la superbe pochette de The Beautiful Game.
Faire autant appel à la comparaison avec leur précédent opus n'est pas innocent. Celui-ci, s'écartant des jams funks plus récurrents des quatre EPs du début de leur carrière, gardait la folie de l'esprit funk. Des maîtres-étalons déments comme Maggot Brain de Funkadelic (l'album, au-delà du titre emblématique) n'aurait pas rougi de l'univers ludique et extravagant de The Beautiful Game. Avec Mr Finish Line, on a droit à de la très bonne soul, c'est vrai, mais avec seulement ce petit passage du commentateur sportif et surtout le morceau de clôture, Captain Hook, pour assaisonner le tout de folie.
Les fans de Vulfpeck de la première heure, ceux qui ont joué Sleepify dans leur sommeil, auront sûrement du mal avec cet épisode de 2017, étant sûrement plus attachés encore à l'esprit funk du groupe. Mais Mr Finish Line reste un gros câlin. Leurs standards depuis l'EP Mit Peck mettaient plus sur le cul, c'est certain, mais on a irrépressiblement envie d'y revenir malgré cela. Je serais sincèrement surpris que vos lèvres ne frémissent pas à l'écoute de Mr Finish Line, ne serait-ce qu'à leurs commissures, et m'engage ici-même, en cette éventualité, à vous dénicher la pépite qui les fera frémir.
P.S : Je vous propose déjà de jeter votre dévolu sur l'album solo d'un des quatre membre de Vulfpeck, Solo Rhodes de Woodie Goss. Pianiste de jazz à la base, il était revenu à ce genre en 2016, fortement influencé par Thelonious Monk, comme en atteste ci-contre le titre et la pochette de son Solo Monk à lui (mais en beaucoup plus confidentiel).
Critique provenant du média de ma promo étudiante
https://tetraacademieesj.wixsite.com/tetra/musique