Lâcheté et mensonges
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L’exercice du set acoustique « MTV Unplugged » est largement passé de mode depuis les années 90, mais reste forcément intéressant lorsque l’artiste qui s’y prête est quelqu’un comme Courtney Barnett, certes compositrice reconnue, mais également grande guitariste électrique, capable d’élever ses sets vers des hauteurs peu communes par la grâce d’un riff ou d’un solo incandescent. Ce "Live in Melbourne" s’avère en fait absolument indispensable pour tout admirateur de notre Australienne préférée, et, sans atteindre les sommets de l’incontournable album acoustique de Nirvana – forcément une référence pour Courtney dont on connaît les appétences grunge – il faut reconnaître qu’il nous offre nombre de moments remarquables…
… à commencer par une sublime interprétation dépouillée mais enrichir par un violoncelle majestueux de "Depreston", qui devient ici un classique absolu, et dont la conclusion détachée et ironique (?) : « You could knock it down / And start rebuilding / If you've got a / Spare half a million » prend presque des allures d’hymne lo-fi. Une impression de magie fragile qui se prolonge avec une version bouleversante de "Sunday Roast", dont le final décolle de manière implacable sans même avoir besoin d’électricité. A ce stade, l’auditeur se dit qu’il tient là un troisième album indispensable d’une discographie qui a quand même déjà une sacrée allure, malgré le jeune âge de la demoiselle…
Mais bien sûr, cette beauté tranquille, frôlant la perfection, n’est pas la tasse de thé de Courtney, qui va alors passer à un exercice différent, avec invités « locaux » (de Melbourne…) et reprises de titres d’autres artistes (là encore, la comparaison avec le live de Nirvana est une évidence !) : se succéderont au côté de Courtney Paul Kelly classiquement folk / country (très beau "Charcoal Lane"), Evelyn Ida Morris multi-instrumentiste(s) et chanteur(s) transgenre, et le musicien alt-folk néo-zélandais Marlon Williams, chacun apportant une coloration différente au set. Il n’y a guère que le génial "Nameless, Faceless" (« I wanna walk through the park in the dark / Men are scared that women will laugh at them / I wanna walk through the park in the dark / Women are scared that men will kill them »), interprété au piano par Evelyn Ida Morris qui souffre quelque peu de fausses notes et de dérapages excessifs…
L’un des plus grands moments de la soirée restera sans doute une interprétation particulièrement intime, sensible, de "Untitled (Play It on Repeat)", une chanson que nous entendons pour la première fois et qui devrait convaincre n’importe quel incrédule de la position désormais incontournable de Courtney Barnett sur la scène internationale actuelle.
L’album se clôt sur un léger bémol, avec une interprétation un peu trop prudente du "So Long, Marianne" de Cohen : il n’est pas impossible, bien entendu, que la sorte de « statue du commandeur » que représente désormais le génie canadien se soit avérée par trop intimidante pour une artiste encore jeune comme Courtney !
43 minutes originales, presque parfaites, qui font de ce Live in Melbourne l’un des tous meilleurs albums live parus ces derniers mois.
[Critique écrite en 2020]
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Créée
le 24 févr. 2020
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