Même s'il s'agit du seul disque enregistré ensemble, il semblerait que Mulligan et Monk aient étés amis. En résulte ce témoignage à la fois basique et étonnant où le piano de Monk fait joliment corps avec le saxophone de Mulligan. Nous ne sommes pas ici dans Monk tremplin de Coltrane ou bien Charlie Rouse qui arrive à zigzaguer avec élégance dans l'univers de notes Monkiennes. Non, ici on a souvent l'impression que Mulligan et Monk marchent côte à côte avec un certain respect.
Résultat, sur les 6 titres qui composent ce disque, 2 perles immanquables où sans être accompagnés d'autres musiciens, Thelonious Monk ne joue qu'avec Gerry Mulligan. Piano + saxophone. Et rien d'autre. C'est Round midnight, déjà un titre bien culte qui en ressort presque crépusculaire. Mulligan couche le soleil tandis que Monk arbore une toile de nuit. L'ensemble dégage un spleen incroyable, plus qu'à l'accoutumée (on pense à la merveilleuse version qu'a pu faire Miles Davis de ce titre, ici c'est encore mieux).
Et puis c'est Sweet and lovely, ballade souvent arpentée par Monk en solitaire avec son piano avec à nouveau Mulligan seulement pour l'accompagner. Et à nouveau un spleen dont on regrette qu'il se dissipe quand ils sont accompagnés d'autres musiciens. Le reste du disque n'en paraît à côté que "juste bien" malgré une version toujours aussi agréable de Straight, no chaser qui suit.
Une belle rencontre qu'on aimerait voir durer plus longtemps.