Music of the Spheres
4.8
Music of the Spheres

Album de Coldplay (2021)

Regardez c'est Coldplay et y'a plein de couleurs partout, c'est forcément bien non ?

On ne va pas se mentir, je ne suis pas très client de l'évolution artistique de Coldplay. Pourtant je suis tombé dans la marmite au bon moment puisque c'est la sortie de Mylo Xyloto qui a éveillé chez moi l'envie de découvrir le groupe (j'étais au lycée à ce moment-là). J'imagine que pour la génération qui précède la mienne, ça devait déjà être une douche froide à ce moment-là.

Du coup voilà, pour éclaircir ma position sur leur carrière : Viva la Vida et Mylo Xyloto ne sont pas des trahisons, même si Ghost Stories et surtout A Head Full of Dreams ne sont clairement pas terribles pour moi. Par contre Everyday Life offrait une certaine fraicheur et une ouverture sur le monde qui me plaisait beaucoup chez Coldplay. Même si pour être très honnête, je n'ai pas tant écouté l'album que ça. Est-ce qu'avec cette pochette multicolore et ce single imbuvable qu'est Higher Power, le groupe allait retomber dans ses travers ou au contraire tromper tout le monde et nous pondre un bon disque ?

La réponse c'est : un peu des deux. Et c'est ça qui est embêtant, le groupe ne sait pas quoi faire. Tiraillé entre l'envie de pondre des hymnes à stades insipides pour renouveler leur public auprès des pisseuses de 13 ans fan de K-Pop et faire de la bonne musique, les mecs ne savent pas où donner de la tête et ça s'entend.

Music of the Spheres est un album d'une quarantaine de minutes dont grosso modo la moitié des titres sont des interludes. Mais attention, pas des interludes comme dans A Thousand Suns de Linkin Park où ça crée du liant entre les différents titres de l'album et qui marchent du tonnerre (oui j'ai des références à part, que voulez-vous), des interludes qui sont des intros assez plates pour le morceau suivant. On sombre même dans le mauvais goût avec ∞ qui vous rappellera vos pires coupes du monde de foot célébrées par des gens qui aiment ça, ce qui est à peu près une bonne idée de ce à quoi peut ressembler l'enfer. Ah oui et d'ailleurs, les titres des interludes sont des emojis parce qu'on est en 2021 et c'est trop kawaii les emojis. Ça servira de cache-misère artistique au passage.

Entrons maintenant dans le lard avec Higher Power dont j'ai parlé plus haut (inutile d'évoquer l'intro de l'album, elle est vide) : c'est plat et insipide, mais la construction du morceau est telle avec ses synthés doudou estampillées années 80 et les derniers refrains où la voix de Chris Martin décolle un peu que le titre peut vous avoir à l'usure.

Humankind ne vole pas haut, recyclant ce que Coldplay a fait de plus cliché dans A Head Full of Dreams. *✧ c'est littéralement du vide pendant 50 secondes. À quoi bon en faire une piste séparée puisqu'elle retombe comme un soufflé ?

La ballade avec Selena Gomez, Let Somebody Go, n'est pas fondamentalement mauvaise. Mais de la part du groupe qui a composé des titres comme The Scientist ou A Message, la comparaison est douloureuse. Vient alors ♡ en collaboration avec We Are KING et Jacob Collier. Et c'est la collaboration la plus intéressante de l'album, la plus prestigieuse aussi je pense. Il y a tout un travail sur les harmonies vocales et même si le titre est trop long, ça remonte largement le niveau après deux titres plats formatés pour la radio, un type qui s'est endormi sur son synthé pendant une minute et une ballade bateau.

Est-ce qu'on peut continuer sur cette lancée ? Le groupe me donne alors l'impression que oui avec People of the Pride qui est un morceau bien rythmé et efficace. Les sonorités sont très modernes et ça manque toujours un peu de guitare c'est sûr, mais ça ressemble plus à du Coldplay comme je l'aime.

Malheureusement tout s'écroule avec Biutyful. Si je respecte l'idée de faire un duo avec soi-même où la seconde piste vocale serait pitchée très haut, la compo manque cruellement de consistance et le rendu n'est pas très réussi.

❍ est à l'image de ⦵ ou ❍ (décidément les interludes emoji sont un cancer pour cet album), du vide qui ne fait que du remplissage et donne une caution artistique à l'ensemble alors que ça ne vole pas bien haut.

My Universe est une daube comme on en entend beaucoup partout, c'est niais, répétitif et vide, mais c'est taillé pour cartonner.

Avec ∞ le groupe frappe fort puisqu'il nous pond un titre qui pourra être passé en bande son lorsque Chris Martin voudra faire une pause pour boire un peu d'eau et changer de t-shirt sur scène. Je vois déjà le truc dans ma tête, on met plein de jolies couleurs sur les écrans, le public est aux anges et est occupé bêtement par cet abrutissement général pour attendre le prochain morceau.

L'album se conclut sur la piste suivante : Coloratura, un titre de 10 minutes. Là j'ai eu l'impression que le groupe s'est réveillé, voulant me faire croire que tout ce que j'avais pu entendre plus tôt à quelques exceptions près n'était qu'une vaste blague et pas le vrai disque. Malheureusement, une fois que Coloratura est terminé, il n'y a plus rien après alors que c'était plutôt engageant. De la ballade à la Coldplay mais pas ennuyeuse une seconde, et c'est en partie pour ça que je ne dézingue pas l'album avec ma note.

Après Everyday Life, le groupe a choisi globalement la voie de la facilité à mon grand regret, mais ils ont encore quelques ressources et semblent s'éclater sur les morceaux Pop pour adolescents en Live. C'est mieux que A Head Full of Dreams est moins insupportable pour moi que Ghost Stories qui était d'une tristesse à en crever, mais il va vraiment falloir que ce groupe de quarantenaires se décide à refaire de bons disques de la première à la dernière piste un jour.

GuillaumeL666
6
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Créée

le 18 juil. 2022

Critique lue 792 fois

4 j'aime

Guillaume L.

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