Il avait fallu attendre 12 ans entre le 1er et le 2e volume des archives de Neil. Nous n’aurons eu qu’à patienter 3 ans et demi pour avoir le 3e volume, couvrant les années 1976-1987. Une fin des seventies tonitruante avec « Rust never sleeps » en 79 et puis Neil entre dans une décennie 80 bien plus compliquée et moins créative soyons clair en signant avec Geffen, pour une série d’albums qui vont même lui mettre à dos sa propre maison de disques. En 1982, Young quitte son label de longue date, Reprise, pour rejoindre le nouveau label éponyme de son ami David Geffen. Les cinq albums qu'il a sortis pour Geffen sont sans doute les plus expérimentaux de sa discographie, Young passant d'une voie musicale à l'autre.

Parmi ces albums, « Trans » en 82 est un des plus surprenants (et violemment critiqués à sa sortie). On en retrouve les sessions sur le CD 8. On en comprend mieux l’objectif aujourd’hui : Neil souhaitait communiquer avec son fils, Ben, lourdement handicapé. Et il pensait que la technologie pouvait l’y aider. Il a donc travaillé avec de nombreux sons synthétiques, sous forte influence Kraftwerk et Devo. Un album peut-être trop en avance sur son époque et qui serait sans doute mieux passé 10 ans plus tard. Le reste de sa discographie chez Geffen n’est vraiment pas à la hauteur de son talent, que ce soit « Everybody’s rocking » en 83 ou « Landing on water » en 86. Tout cela pour dire que ça n’est pas la décennie la plus créative de sa carrière, lui-même en conviendrait sans doute. On possède par contre dans ce coffret des morceaux live et en studio jusqu’ici inédits (15 totalement inédites, 121 inédits dans ces versions-là).

Ce coffret est bien entendu à réserver aux fans ultimes du Loner, il n’y a aucune révélation bouleversante mais des curiosités vraiment intéressantes comme les sessions enregistrées avec Nicolette Larson en 1977 (CD 5), le live de 1978 avec Crazy Horse, la version de « Hey hey, My my » avec Devo étant amusante mais anecdotique. Maintenant, posons la question qui fâche : ce coffret à un prix très élevé (bien plus encore que les 2 premiers), le vaut-il ? Pour moi, non. Je pensais, comme beaucoup de monde visiblement, qu’il contenait en plus des 17 CD, 5 Blu-Ray ce qui aurait pu justifier ce prix exorbitant, mais il s’agit en fait de l’édition deluxe disponible uniquement sur le site officiel de Neil (encore plus chère, cela va sans dire !). On nous dit pour se justifier sans doute sur le coffret qu’il couvre plus d’années que les précédents et…en cadeau ultime, un poster !!! Oh la la, mais vous êtes trop bon Sieur Young! 😠En tant que fan et gros collectionneur du Loner, j’aurais préféré un CD supplémentaire il me semble. Là, ça me confirme ce que je pensais avec le 2e coffret, Neil pousse le bouchon un peu plus loin. Intéressant, oui, vraiment, pour les complétistes mais à condition de rester dans les limites du raisonnable.

C'est vraiment plus la forme que le fond qui me gêne (le fan serait prêt à tout pour un simple coffret???). Quant à la présentation des CD en coffret, elle revient à celle du volume 1, avec des CD pas évidents à sortir et un coffret difficile à ranger dans une CDthèque vu son format. Le volume 2, lui, avait une forme de coffret parfaitement normal!!! Il faudra attendre 89 et son album « Freedom » pour que Neil revienne chez Reprise sur le devant de la scène. Les affaires sérieuses reprenaient.

JOE-ROBERTS
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