Paulo mon poteau. McCa mon papa.
J'ai toujours considéré que les vrais artistes étaient capables de voire la forme extérieure de l’œuvre qu'ils étaient en train de façonner de l'intérieur. Combien de millions sont-ils, -sommes-nous parfois- a ne voir dans le résultat passable de ce qu'ils proposent que sa tentative, sa volonté initiale ?
Bien entendu, je ne te ferais pas l'affront, mon Fab four rescapé préféré, de préciser dans quelle catégorie je te situe, toi qui a survolé de si haut l'ensemble de tes coreligionnaires passés, présents et futurs. C'est sûr que quand on a côtoyé les hauteurs insondables du génie absolu pendant une période si folle, la fin d'un parcours est forcément partagé par tes admirateurs entre mansuétude nostalgie et déception parfois un poil injuste.
Même au cœur des années 80 où tu te montras si décevant car incapable de se différencier de tous les autres, tu parvenais à pondre une perle par album, nous rappelant à quel point ton talent naturel te démarquait de la foule innombrable des autres. Tous les autres. Même, encore, dans tes récentes et soporifiques reprises de jazz, tu parvenais à en glisser une, c'est dire.
Le producteur et les conditions d'enregistrement sont donc essentiels, et le miracle du "chaos and création…" est bien là pour nous le rappeler.
Pourquoi, s'il-te-plait, mon ami, mon papy, t'abaisses-tu à commettre un album à ce point dénué de ce qui te constitue, le (même une toute petite pointe de) génie ? Es-tu devenu à ce point incapable, pour en revenir à mon postulat initial, de te rendre compte à quel point ce disque ne dit rien ?
Lors des premières écoutes, on guette avec anxiété la joli enchainement, le changement d'accord qui foudroie. En vain.
On épie, mais c'est désespérément plat (ça y est …? Mon titre ? Vous y êtes ?). Morne. Triste. Vide. Produit avec les pieds.
Alors bien sûr, à force d'écoutes laborieuses et contrites, on arrivera bel et bien à se persuader de trouver ça ou là la demi-seconde digne d'une parcelle de l'ombre de l'envergure que jadis tu endossas.
Mais à quoi bon ? Mon copain, mon cousin, les tournées triomphales ne te suffisent donc pas ? Fallait que tu essaies de te prouver que tu pouvais encore proposer au monde tes compos lumineuses ? Ben tu sais quoi ? C'est raté. Dans les grandes largeurs. T'avais sans doute pas envie d'entendre ça, mais si les amis ou la famille ne sont pas là pour faire ce sale boulot, qui le fera ?