New Skin for the Old Ceremony par benton
Je pense qu’il n’est d’aucun intérêt que je répète pour la quatrième fois (après les trois précédents disques) ce que m’inspire la musique de Leonard Cohen, car New Skin For The Old Ceremony est une merveille de plus à mettre à l’actif de la discographie du canadien. Une merveille lumineuse et déprimante à la fois, qui donne envie de chialer et qui semble nous rendre meilleur, qui essaie.
L’atmosphère du disque est cependant légèrement différente des précédents opus, de la même manière que les atmosphères des précédents disques étaient distinctes malgré les apparences. Mine de rien, on a l’impression que Leonard Cohen fait toujours la même chose, en grande partie à cause de son chant monolithique, mais en réalité sa musique évolue, change, par petites touches, en conservant son magnétisme troublant et sa puissance émotive.
On a le sentiment de découvrir à chaque fois une nouvelle facette de l’univers du chanteur, et quand on pense avoir déjà tout entendu, on est surpris par l’audace sobre avec laquelle Leonard Cohen s’aventure dans de nouveaux territoires et ne reste pas sagement sur ses acquis. Les disques du canadien (en tout cas les quatre premiers) semblent identiques mais ils s’apprécient de manière particulière, chacun ayant sa propre identité.
New Skin For The Old Ceremony offre ainsi des surprises qui paraissent, au premier abord, déliter le charme magique et intense de la musique de Cohen avec des tentatives plus folkloriques et nonchalantes (à l’image des décontractés Why Don’t You Try et I Tried To Leave You), dans un mélange d’influences déroutants (les bongos de Lover, Lover, Lover et There Is War) avec un rendu rustique, définitivement loin de la stratosphère de Songs Of Leonard Cohen, et puis, comme à chaque fois, la musique finit par diffuser ce calme reposant, et déchirant, qui fout un cafard monstre alors même que l’ambiance se veut plus abordable et chaleureuse (encore ce satanément étrange Why Don’t You Try ou bien l’entêtant Lover, Lover, Lover).
Je trouve que c’est ce contraste qui est le plus réussi dans le disque. Alors même que la palette d’influence, et la forme de l’interprétation, semblent se moduler, varier, offrant de nouvelles perspectives à l’univers de Leonard Cohen, les émotions sont toujours là et se trouvent, de cette manière, renouvelées, aussi semblables que fondamentalement différentes que ce que le chanteur a pu faire par le passé.
Il n’y a absolument rien à jeter, toutes les chansons sont intéressantes, chacune dans leur genre, de la rage des deux extrêmes, Is This What You Wanted et Leaving Greensleeves, à l’indolence transperçante de Why Don’t You Try et I Tried To Leave You, en passant par le fameux désenchantement inégalable de Leonard Cohen avec Chelsea Hotel No. 2, Field Commander Cohen, A Singer Must Die et Take This Longing.
Pour résumer les choses, la plupart du temps, quand je commence à écouter du Leonard Cohen, je ne peux m’empêcher de passer ses quatre premiers albums à la suite, tant la musique du chanteur me touche viscéralement comme aucune autre, tant il m’est difficile de m’en séparer, tant je ressens un déchirement à chaque fois que la musique laisse place au silence et tant ces quatre disques me semblent initimement liés et me paraissent aussi vitaux les uns que les autres.
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