Enfilez vos perruques en plastiques, on est parti pour les nouveaux traditionalistes...
C'est début 1981 que Devo, groupe de new-wave américain sort son quatriéme album, New Traditionalists, qui fait entrer définitivement les cinqs "spuds" dans la synthpop...
En effet, Bob "Bob 1" Mothersbaugh, guitariste principal du groupe, souffre de problèmes de drogue pendant cette période (1981/82) et les guitares omniprésente du premier album ont totalement disparues pour être remplacées par des synthétiseurs en tout genres (Moog source et Jupiter-8 en tête...). Bref, on vient donc de sortir de la période la plus faste de Devo, avec des titres comme "Satisfaction" ou "Whip It" qui ont cartonné un peu partout sur le globe. Devo troque alors les "Energy dômes" (chapeaux rouges en forme de pots de fleurs) contre des perruques noires et brillantes censées représenter la coupe de cheveux élégante de Ronald Reagan (qui vient tout juste d'être élu). Le concept New Traditionalists est lancé et pendant une année, le groupe va assurer la promo de l'album avec de nombreux concerts durant lesquels claviériste, chanteur et guitariste jouent, marchent et dansent sur des tapis roulants... Passons maintenant a la revue de l'album en elle-même.
New Traditionalist commence sur "Through Being Cool", une sorte de croisement entre new-wave, synth-pop et jazz futuriste qui illustrera parfaitement la mythique scène du saloon dans le film Métal Hurlant sorti la même année. La chanson parle d'un groupe de jeunes voleurs qui ne se laissent pas attraper facilement. Une bonne entrée en matière en tout cas.
Le second morceau est "Jerkin Back'n Forth", un morceau dans la même veine que le premier (jazz futuriste) mais en moins bien et en plus répétitif. Passons. "Pity You" est un court morceau qui rappelle certaine pistes de "Freedom of Choice", court mais sympathique. Suit "Soft Things" qui mélange une fois de plus les genres, mentions spéciales aux percussions additionnelles et au vocodeur qui sort le morceau du lot.
"Going Under", peut-être l'une des meilleures pistes du disque avec "Through Being Cool", "Super Thing" et "Beautiful World"... Une ligne de basse monocorde entrainée par un rythme implacable qui rappelle ce que Kraftwerk a pu faire de mieux, avec en plus la voix folle de Mothersbaugh. La seconde face commence avec deux autres morceaux dans le format "court/sympathique" , "Race of Doom" et "Love Without Anger". "The Super Thing" est censé être le morceau principal de l'album, et il est plutôt réussi. Le thème aborde la conquête spatiale et dans sa version live, l'intro est bien plus longue et accompagnée d'un compte à rebours. L'album se termine sur deux pistes, "Enough Said" qui est plutôt dispensable car un poil répétitive, et surtout "Beautiful World" qui est un superbe pamphlet envers la société, accompagné de guitare (sans oublier les synthés)...
Dans certaines versions, l'album était également vendu avec un titre bonus, "Working in the Coalmine" qui est une reprise de Lee Dorsey, plutôt sympathique elle aussi. Le morceau était en fait une commande, il sert de musique de générique de fin pour le film Métal Hurlant déjà évoqué plus haut.
Au final, New Traditionalist ne s'en tire pas trop mal et reste le dernier bon album de Devo, même si Oh no, it's Devo (l'album suivant, 1982) n'est pas mal non plus dans le genre. C'est également le dernier album dans lequel Allan Myers joue de la vraie batterie, remplacée quasiment systématiquement dans le groupe par un Fairlight CMI (boîte a rythmes/synthé/sampleur) a partir de 1982. C'est en tout cas mon album préféré de Devo car c'est le seul a vraiment concilier punk et synthpop avec une teinte jazzy futuriste très agréable, qui annonce déjà l'électro-funk d'Herbie Hancock avec son album Future Shock en 1983.